Je partage l’avis de Victorin Lurel. Je ne vois pas à quoi il sert d’adhérer à des instances internationales comme l’AEC – Association des États de la Caraïbe –, la CARICOM – Communauté des Caraïbes – ou la CEPAL – Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes –, d’enclencher une vraie dynamique d’interconnexion, dans l’océan Indien, entre, par exemple, La Réunion et l’Afrique du Sud, si l’on ne se donne pas les moyens d’étudier de manière très approfondie les connectivités possibles. Je le dis très clairement : si l’Europe constitue un marché de 500 millions d’habitants, auquel nous sommes « connectés » – ce terme est important – dans une dynamique républicaine, le premier bassin d’échange de la Martinique n’en demeure pas moins l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale, l’Amérique du Nord, Cuba, Trinidad, pour ne citer qu’eux. Pour se rendre dans n’importe lequel de ces pays depuis la Martinique, on est souvent obligé de passer par les États-Unis : les conditions de connexion sont épouvantables. L’Europe n’a d’ailleurs jamais vraiment identifié, sous cet angle, ses frontières extérieures, dont on a toujours le sentiment qu’elles se limitent aux côtes bretonnes. Mais non ! Il y a aussi les côtes martiniquaises, qui constituent une frontière avec l’Amérique du Sud. Cette frontière « externalisée » conduit à une réflexion intelligente en matière d’interconnectivité audiovisuelle, numérique, maritime et aérienne. On pourra à ce moment-là s’engager dans une vraie dynamique de développement avec ces pays.