Intervention de François de Rugy

Séance en hémicycle du 10 octobre 2016 à 16h00
Modernisation développement et protection des territoires de montagne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Cela me paraît bien résumer les enjeux actuels, en montagne comme ailleurs. En plaine non plus, on n’aménage plus – et c’est heureux – comme on le faisait au cours des années 1970. En effet, certains erreurs – notamment dans le domaine environnemental – ont à l’époque été commises, et il est heureux qu’elles ne soient pas répétées aujourd’hui. Je peux en témoigner en évoquant notamment le cas de Nantes, où, encore une fois, le point culminant doit à peine dépasser les soixante-dix mètres.

Ce projet de loi, cela a également été dit, ne sort pas de nulle part. Dès son élaboration, les territoires tout autant que les élus locaux y ont été associés, et c’est une excellente chose.

Il s’appuie d’ailleurs très largement, mesdames les co-rapporteures, sur les conclusions du rapport que vous avez déposé en vue de préparer l’examen de ce projet de loi.

La question de l’égalité nous rassemble toutes et tous, et aller vers une plus grande égalité d’accès aux réseaux de communication est une excellente chose. De nos jours, il s’agit d’un enjeu, à l’évidence, crucial.

En effet, il n’est pas possible de s’en remettre sur ce point à la seule logique du marché : j’ai entendu certains de nos collègues – qui habituellement la défendent avec beaucoup de vigueur – se ranger à cet avis. Si nous le faisions, ce sont évidemment les zones les plus peuplées et les plus faciles d’accès, notamment les grandes villes, qui seraient bien desservies, et évidemment pas la montagne.

Au-delà du développement économique, ainsi que des possibilités d’emplois qu’offre cet accès, il a un impact sur la qualité de vie des habitants de tout le territoire et évite à ceux qui habitent dans des zones montagneuses de nourrir le sentiment d’être coupés du reste du monde.

C’est également dans cette optique qu’un volet du projet de loi est consacré aux emplois saisonniers : il s’agit, là encore, sinon d’une spécificité, sinon d’une réalité, forte dans les zones de montagne.

Créer des maisons des saisonniers, veiller à ce qu’ils aient – et l’on sait qu’il s’agit, pas seulement en montagne d’ailleurs, d’un problème aigu – accès au logement, et leur faciliter l’accès à la location va donc dans le bon sens. D’autres zones géographiques pourront s’inspirer de cette évolution.

Je voudrais, enfin, saluer à mon tour la reconnaissance, dans ce projet de loi, de la Corse comme île-montagne, car je sais qu’elle était voulue et portée par les élus de collectivité territoriale. Cette reconnaissance est donc une bonne chose.

Ce projet de loi vise également à mieux maîtriser l’activité touristique qui aujourd’hui est évidemment centrale et primordiale pour beaucoup de territoires de montagne. Mais son développement ne doit pas se faire à n’importe quel prix.

Car, effectivement, si l’on laisse les choses se faire n’importe comment, on le regrette ensuite amèrement. On pourrait ensuite dresser l’amer constat qu’on a tué la poule aux oeufs d’or.

En effet, nos massifs montagneux sont des joyaux naturels. Si l’on peut profiter d’aussi beaux espaces, c’est parce que la nature – et personne d’autre – les a fabriqués et nous les a donnés en héritage.

Nous devons, avant même de songer à l’exploiter, protéger cet héritage. Il est important que les enjeux liés à la nature comme à la biodiversité dans les zones de montagne soient défendus à l’occasion de l’examen de ce projet de loi.

Comme notre collègue André Chassaigne l’a dit tout à l’heure, il faut absolument anticiper les effets du changement climatique car aujourd’hui, les massifs montagneux, y compris en France, y sont de plus en plus soumis. Il nous faut donc absolument anticiper les conséquences de ce changement.

Je conclus : un certain nombre d’amendements ont été déposés – certains de nos collègues y ont fait allusion – sur des sujets épineux. Je pense, pour ma part, qu’il ne faut pas casser l’équilibre qui a été trouvé à propos de l’urbanisation ou d’autres aspects liés à la biodiversité.

Nous y veillerons. Dans cet esprit, nous, députés écologistes réformistes, voterons pour ce projet de loi en faveur de la montagne.

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