Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 5 octobre 2016 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, Présidente de la Commission :

Nous sommes heureux de recevoir M. Enrico Letta, que je remercie d'avoir eu la gentillesse de répondre à notre invitation. Nous démarrons avec vous, Monsieur le président, un cycle d'auditions sur l'avenir de l'Union. Ces auditions visent à nous aider à prendre du recul, dans une période extrêmement troublée, et à formuler des propositions.

Fin connaisseur des affaires européennes, Européen convaincu et engagé, vous êtes actuellement président de l'un des principaux think-tanks français qui réfléchit aux questions européennes, l'Institut Jacques Delors - Notre Europe. En Italie, vous avez été ministre pour les affaires communautaires entre 1998 et 1999, député européen de 2004 à 2006, président du Conseil en 2013 et 2014. Votre éclairage sur la situation actuelle est important dans une période où la configuration Paris-Rome-Berlin est de plus en plus présente – et, vous le savez, nous nous sommes battus depuis le début de la législature pour que Rome soit associée au couple franco-allemand – mais reste fragile, comme l'ont montré les critiques formulées par le Président du Conseil Matteo Renzi à l'issue du sommet de Bratislava, notamment sur le traitement de la question des réfugiés. Sans doute nous direz-vous quelques mots de l'euroscepticisme, qui monte dans la population italienne comme il est monté dans la population française.

Ma première question est provocatrice : trois mois après le référendum britannique, croyez-vous que l'on puisse encore sauver l'Union ? Plus précisément, pensez-vous que les décisions prises lors du sommet de Bratislava y contribueront, ou s'est-on limité à traiter de business as usual ?

Comment envisagez-vous la suite de la construction européenne ? Doit-elle se faire autour d'un noyau dur d'États voulant aller plus loin – « l'Europe des avant-gardes » ? Ne court-on pas le risque de créer une Europe « à la carte » ou au minimum à plusieurs vitesses ? Que pensez-vous de la proposition de la Fondation Bruegel, qui a fait beaucoup de bruit en suggérant un « partenariat continental » qui permettrait de formaliser une Union à deux vitesses ?

Quelle est votre appréciation sur l'évolution de la Pologne et la Hongrie et leurs liens avec les autres pays de l'Union, singulièrement au lendemain du référendum « raté » sur la politique européenne de répartition des réfugiés voulu par M. Viktor Orbán ? Quel jugement portez-vous sur l'état du moteur franco-allemand ?

Pensez-vous possible et, surtout, souhaitable de procéder à de nouvelles réformes institutionnelles à moyen terme, ou bien le nouveau souffle dont l'Union a si grand besoin doit-il s'obtenir par d'autres types de réformes ? Comment approfondir la démocratie et l'espace politique européens, et quel rôle donner aux Parlements nationaux dans ce cadre ? Peuvent-ils être un des éléments de la relance de l'Union européenne ? Enfin, l'Union s'est construite au lendemain des atrocités de la Deuxième guerre mondiale pour garantir l'amitié entre les peuples. Alors que les idées extrémistes se propagent et que la haine resurgit malheureusement dans presque tous les pays membres, pensez-vous qu'il y a un avenir pour l'idéal de paix que représentait l'Union européenne ?

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