Intervention de Vincent Ledoux

Séance en hémicycle du 18 octobre 2016 à 15h00
Questions au gouvernement — Sécurité du personnel hospitalier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Ledoux :

Ma question, à laquelle j’associe mon collègue Bernard Gérard, s’adresse à M. le Premier ministre.

Dans la nuit de samedi à dimanche, le personnel urgentiste du centre hospitalier de Tourcoing a été agressé par une quinzaine d’individus de la même famille accompagnant leur père victime d’un malaise. Les personnels, comme les patients, décrivent une scène d’une brutale sauvagerie. Avec mes collègues maires Gérald Darmanin et Marie Tonnerre, nous sommes allés à leur rencontre hier pour signifier notre solidarité. Nous avons vu des personnels debout ! Tous ont repris leur poste le lendemain malgré les blessures et les traumatismes. Hommage leur soit rendu !

Mais ces personnels ont peur, monsieur le Premier ministre, terriblement peur ! Leurs missions exigent pourtant la préservation d’un environnement professionnel de qualité, car les gestes qu’ils posent sont des gestes de secours et de vie.

Vous rendez-vous compte, mes chers collègues, qu’au moment même où des médecins se trouvaient confrontés aux coups violents d’agresseurs sans foi ni loi, d’autres, dans les mêmes lieux, intubaient un patient dont le pronostic vital nécessitait un dialogue intime avec la famille pour envisager un don d’organe ? Comment soigner, sauver des vies, accueillir les souffrants dans de telles conditions ?

Médecins et infirmiers ont peur et attendent réparation. Mais ils craignent qu’une fois encore l’impunité ne prévale sur la sanction.

Interpellés, présentés hier en comparution immédiate, les trois agresseurs les plus violents ont obtenu un report d’audience. Choquées, les victimes devront attendre trois longues semaines dans l’espoir que justice leur soit rendue.

Mais il y a pis : à peine remis en liberté, les agresseurs, dont certains sont bien connus des services de police, continuaient de menacer leurs victimes jusqu’au sein même du tribunal ! Pourquoi en irait-il autrement dans cette drôle de société qui ne prive pas immédiatement de liberté ceux qui frappent, molestent et insultent nos médecins ? Que faut-il de plus ?

« La justice est la liberté en action », écrivait Joubert. Aujourd’hui notre justice tient davantage de la remise en liberté en action !

Alors, monsieur le Premier ministre, pour éviter que cette violence ne soit qu’un élément statistique de plus, qu’envisagez-vous de faire pour protéger réellement celles et ceux qui pansent nos plaies et sauvent nos vies ?

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