Monsieur le Premier ministre, depuis quelques mois le territoire de la Guyane fait face à une crise migratoire sans précédent, largement liée à la situation catastrophique que connaît la République de Haïti et pour laquelle Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, regrette la trop faible mobilisation internationale.
En effet, à ce jour, la Guyane compte plus de 10 000 demandeurs d’asile qui, en réalité, ont fui leur pays pour des raisons d’ordre économique. Nous savons que les invitations à quitter le territoire, délivrées par la préfecture, ne seront pas suivies d’effet, notamment parce que leur pays d’origine vient tout juste d’être ravagé par l’ouragan Matthew, d’une puissance inégalée depuis des décennies, ce qui a placé de fait près de 1,4 million d’habitants en besoin d’assistance d’urgence.
Pour tout dire, ce sont certainement près de 25 000 nouvelles personnes qui auront foulé le sol guyanais, si l’on compte les épouses et les enfants des demandeurs d’asile. Cela correspond à environ 10% de la population locale.
Nous savons qu’à terme, nos collectivités sauront assumer les charges supplémentaires qu’induit cet afflux de population, particulièrement pour scolariser les enfants, tel que cela est rendu obligatoire par la loi. C’est d’ailleurs avec le plus grand humanisme, et dans le respect de la dignité de chacun, que les élus de Guyane respecteront ce principe.
Néanmoins, dans un contexte financier local extrêmement dégradé, je demande solennellement à l’État de me préciser les moyens qu’il compte mettre en oeuvre au bénéfice de la collectivité territoriale et des communes de Guyane afin que celles-ci soient en mesure d’assumer les conséquences d’une telle augmentation brutale de la population en termes de scolarisation, de santé et de logement, tout en confortant les mesures déjà envisagées en vue de répondre favorablement aux besoins et aux attentes des citoyens et des contribuables.