Cet article du Monde s’appuie sur l’avis du Haut conseil des finances publiques, d’une sévérité inédite, jugeant improbables les réductions des déficits publics prévues dans le budget 2017, étrillant ainsi vos hypothèses de travail. Je cite : « Le scénario de croissance retenu par le Gouvernement […] tend à s’écarter du principe de prudence qui permet d’assurer au mieux le respect des objectifs et des engagements pris en matière de finances publiques. »
Un budget insincère, donc, mais aussi déloyal. Là encore, ce sont les journalistes qui en parlent le mieux : « Budget 2017 : le dernier tour de passe-passe de François Hollande ». Pourquoi un tour de passe-passe ? Tout simplement parce que bon nombre de mesures que vous annoncez maintenant pour essayer de vous attirer les bonnes grâces des électeurs, s’il vous en reste quelques-uns, et de sauver ce qui peut encore l’être, pèseront surtout sur le budget 2018 et non sur le budget 2017. Vous laissez à votre successeur une bombe à retardement de plus de 10 milliards d’euros.
Insincère et déloyal, ce budget 2017 restera surtout celui des occasions ratées.
Occasion ratée de redonner du pouvoir d’achat aux familles, que vous avez matraquées, et aux salariés, au profit desquels vous auriez pu, par exemple, rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires.
Occasion ratée pour les entreprises, à qui vous aviez pourtant annoncé l’effacement de l’ensemble des hausses d’impôts et de charges mises en oeuvre depuis 2011. Or on sait qu’il n’en est rien, puisqu’il a été démontré que 16 milliards d’impôts supplémentaires pèseront encore l’année prochaine sur la compétitivité française.
Occasion ratée, aussi, de réduire la dette de la France, qui atteint désormais des sommets et se rapproche dangereusement des 100 % du PIB, alors que nos voisins ont réussi depuis quelques années à faire reculer leur niveau d’endettement, au prix de réformes ambitieuses et courageuses.
Occasion ratée, également, de simplifier la vie des Français et des acteurs économiques, dont vous compliquez encore plus l’existence par la mise en oeuvre du prélèvement à la source, unanimement critiquée tant par les entreprises, dont vous augmenterez la charge de travail, que par les particuliers, qui s’apercevront avec le temps qu’il s’agit d’une mesure absolument catastrophique.
Occasion ratée, enfin, de réagir au référendum britannique. Alors que vous lanciez en juin dernier un « Welcome in Paris » qui laissait présager une action positive pour attirer à Paris les sièges des entreprises et une partie des activités de la City, force est de constater que, face au Brexit dur de Theresa May, vous n’avez su, une fois de plus, apporter qu’une réponse molle.