…que le programme commun de la droite, c’est la réédition du programme RPR-UDF de 1986 – cela ne nous rajeunit pas – elle a en revanche pris soin d’observer avec attention le retour de la gauche aux affaires en 2012.
En juillet 2012, la Cour des comptes avait rendu un rapport d’audit sur la situation des finances publiques de la nation. Ce rapport rendait intenable toute volonté de tenir l’objectif de 3 % de déficit en 2013 puisque cela aurait supposé un effort de 33 milliards d’euros dans l’hypothèse d’une croissance de 1 % – je cite la Cour elle-même. Pour 2012, la Cour relevait des moins-values de recettes de 6 à 10 milliards d’euros. En bref, elle dénonçait – comme vient de le faire Éric Woerth il y a un instant s’agissant du présent budget ! – un budget de façade dont certains experts sont, à l’évidence, toujours présents dans nos débats.
Et c’est ce que ce Gouvernement n’a pas voulu exploiter, certainement à tort. Soucieux de ne pas donner le sentiment de rejouer l’éternel refrain de « l’héritage », il a considéré que la nouvelle majorité n’avait pas été élue pour déplacer les problèmes, mais pour les traiter. Choix courageux, mais coûteux, car toutes les décisions douloureuses demandées aux Français dépendaient en réalité de cette situation inaugurale. Réalité des déficits, réalité aussi des hausses d’impôts décidées en 2011 mais applicables en 2012, et donc imputables dans l’esprit des Français à la nouvelle majorité.
La droite a pris note de cette erreur de communication, et elle innove. Devançant le débat potentiel sur l’héritage, elle attaque d’ores et déjà sur le thème de l’insincérité de ce projet de budget pour mieux couvrir l’absence de maîtrise des comptes publics de son propre projet présidentiel.
La vérité est que la droite est entrée dans une impasse budgétaire liée à la surenchère entre ses candidats aux primaires. Alors de beaux esprits pourraient expliquer que la droite qui s’affranchit de toute rectitude budgétaire, c’est une bonne nouvelle. Mais que veut-elle en faire ? Redistribuer du pouvoir d’achat aux salariés, aux retraités, aux chômeurs ? Mieux faire fonctionner les services publics ?