Monsieur Mamère, je rappelle que notre deuxième objectif consiste à contribuer à la restauration de la souveraineté du Mali et de l'intégrité de son territoire – ce qui veut dire que nous n'avons pas vocation à rester longtemps sur place. Notre mission répond à la demande formulée par le président Traoré, dans le cadre de l'article 51 de la Charte des Nations Unies ; c'est de l'assistance à pays en danger : d'ailleurs, nous rendons compte régulièrement au Conseil de sécurité de l'avancement de nos forces et de notre action sur place. Notre but est bien de jouer un rôle de relais des forces africaines, qui doivent prendre notre place et assurer cette restauration.
Monsieur Amirshahi, si l'on peut comprendre qu'il y ait des risques de revanche après tout ce qui s'est passé, on ne peut en aucun cas les admettre. Nous avons donc donné des consignes très précises à nos soldats, qui ont une mission stricte d'information à ce sujet, mais ils n'ont pas la responsabilité de la police ou de la gendarmerie dans ce pays ! Par ailleurs, nous avons fait part aux plus hautes autorités maliennes de notre détermination dans ce domaine. Il semble que cela commence à être suivi d'effet, même si cela est un peu difficile.
S'agissant des observateurs de l'ONU, nous faisons pression pour qu'ils soient plus nombreux et le plus vite possible sur le terrain. Il faut faire en sorte que les forces maliennes soient en mesure de réagir en cas d'exactions, celles supposées de Niono et Sévaré restant encore à vérifier.
Messieurs Marsaud et Guillet, je ne puis répondre à certaines questions compte tenu du caractère public de cette audition. Il en est ainsi notamment sur nos otages. Je dirais seulement que, en dehors du décès du chef de bataillon Boiteux, nous avons eu quatre blessés.
Monsieur Mamère, je ne pense pas que la MISMA ne soit pas à même de faire la guerre du désert, dans la mesure où les forces nigériennes et tchadiennes notamment en sont capables et où nous jouons un rôle d'accompagnement. D'ailleurs, la prise de Tombouctou et de Gao relève de ce type de guerre.
S'agissant des frontières, celles avec l'Algérie et la Mauritanie sont fermées et sécurisées. Les autorités algériennes, avec lesquelles nous sommes en relation, y accordent une attention toute particulière.
Monsieur Dufau, nous sommes en contact étroit avec les ONG, y compris nos militaires sur place. Si la situation est difficile pour les populations civiles, il n'y a pas de crise humanitaire majeure. Nous poussons les ONG à intervenir rapidement, en particulier à Gao et Tombouctou, pour répondre aux besoins immédiats. Le ministère des affaires étrangères finance des interventions de soutien aux populations locales, mais une action plus importante s'impose rapidement en la matière pour éviter une telle crise.
S'agissant de l'armée malienne, sur laquelle on a dit beaucoup de choses, on oublie qu'elle a accompli des actes de résistance significatifs et, depuis l'intervention française, on constate en son sein un regain d'optimisme et une plus grande détermination. Reste qu'il faudra la former – ce qui est le rôle de la mission EUTM Mali – et la payer – ce qui renvoie à la question des soldes. Deux fonds vont être mis en place dans le cadre des résolutions des Nations Unies, alimentés par la collecte effectuée hier lors de la conférence des donateurs.