Intervention de Martine Faure

Réunion du 30 janvier 2013 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Faure :

C'est avec beaucoup de satisfaction et un immense espoir que nous accueillons ce projet de loi pour la refondation de l'école, qui doit nous permettre de bâtir ensemble l'école de demain. C'est une première pierre que nous posons aujourd'hui, à l'issue d'une concertation qui a duré plusieurs mois – et non quelques semaines, comme des esprits chagrins le font accroire.

Comme l'avaient déjà montré les conclusions édifiantes d'une concertation sur le temps de l'enfant organisée par votre prédécesseur Luc Chatel, les élèves français manquent de temps. Nous leur imposons un rythme d'apprentissage qui contrarie les rythmes biologiques, violence encore aggravée par la lourdeur et l'inadaptation des programmes. Ce projet de loi nous propose de donner du temps à l'élève pour apprendre, à l'enseignant pour enseigner, à l'ensemble de la communauté éducative et aux élus pour évaluer, mener des concertations, organiser et décider – sans compter le temps que vous aurez donné aux parlementaires pour en débattre.

Le texte remet l'enfant au coeur de nos préoccupations : il vise à lui assurer un parcours de réussite individualisé, associant tous les acteurs – enseignants, parents, élus, associations, monde de l'entreprise – dans le cadre du projet éducatif territorial.

Notre système éducatif doit impérativement être adapté aux mutations actuelles, notamment aux progrès vertigineux de la technologie.

Il faut dire aussi que ces dernières années, il a été ébranlé dans ses fondements, notamment par la suppression de postes d'enseignants, de personnels d'encadrement, de médecins et d'infirmiers scolaires, ainsi que par la suppression de la formation initiale et continue des enseignants. Aujourd'hui, il faut reconstruire – ce qui justifie l'emploi du terme de « refondation » – pour instaurer une gestion du temps différente, faisant coexister le temps long des apprentissages, des enseignements et de la réflexion avec la prise en compte des urgences.

La première de celles-ci est de donner la priorité à l'école maternelle et au primaire, pour lesquels vous avez déjà obtenu des moyens supplémentaires dès cette rentrée. L'école élémentaire est en effet une étape fondamentale du parcours scolaire d'un enfant, d'autant qu'on peut dès ce stade repérer des déficiences ou des troubles, pour y remédier ou en prévenir d'autres.

Rendre son rang à l'école élémentaire suppose d'accroître ses moyens financiers, mais aussi humains : c'est l'objectif « Plus de maîtres que de classes ». Il conviendra en outre de prendre rapidement et franchement le virage du numérique, de redéfinir le socle commun et d'élaborer des programmes plus adaptés, en s'appuyant sur le nouveau Conseil supérieur des programmes. Nous apprécions également votre volonté d'organiser une véritable éducation artistique et culturelle, voire sportive, et de rendre obligatoire l'apprentissage d'une langue vivante dès le cours préparatoire. La question des langues régionales me tenant particulièrement à coeur, vous me permettrez, monsieur le ministre, de vous remercier pour la réponse que vous avez faite hier en séance publique sur le sujet à notre collègue Paul Molac et de vous assurer que nous participerons au débat qui s'ouvrira au mois de mars, pour faire progresser la pratique et l'enseignement de ces langues.

Enfin, en clarifiant la répartition des compétences entre l'État et les collectivités territoriales et en mettant en place les projets éducatifs locaux, ce projet de loi favorise la coopération entre tous les partenaires de l'école.

Ce projet de loi de refondation porte donc la promesse d'une nouvelle ère pour notre système éducatif. Sa réussite dépendra en grande partie de la capacité des uns et des autres à accepter les évolutions nécessaires. Seul l'élève doit nous préoccuper. Un enfant a besoin d'avoir autour de lui des adultes capables de le guider dans ses apprentissages. Une école qui va bien, qui a une conscience claire de son périmètre d'action, de ses missions et de ses ambitions ne peut que tenir une place essentielle dans cette démarche.

N'oublions pas que l'école est une immense chance pour tous les enfants et qu'enseigner est un des plus beaux métiers. Vous nous donnez l'occasion, monsieur le ministre, de ramener la joie dans la maison école !

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