À n'en pas douter, les pôles de compétitivité ont joué un rôle très positif en confortant les collectivités territoriales dans des politiques d'innovation et de R&D, et en rapprochant la recherche et le pôle développement des entreprises.
Cela dit, je constate que de nombreux pôles de compétitivité ont vu le jour alors qu'aucun n'a été supprimé. Avons-nous vraiment les moyens d'une telle pratique ?
De la même manière, des plateformes régionales d'innovation fleurissent, notamment dans le sillage du grand emprunt. On trouve parmi elles le meilleur et le pire…
Les universités ont toujours créé des plateformes pour bénéficier de moyens, ce qui est bien normal. Elles montaient pour ce faire de magnifiques dossiers, pas forcément très crédibles, mais convaincants aux yeux du monde universitaire. Le grand emprunt a bouleversé la donne car la constitution d'une société par actions simplifiée (SAS) et une réelle rentabilité sont désormais exigées. Les universitaires ont donc recruté des consultants spécialisés pour élaborer de nouveaux dossiers et des business plan mirifiques qui, au final, ne tiennent pas compte de la réalité économique. Je crains qu'en région un certain nombre de projets passés au travers des mailles du filet ne soient promis à une mort plus ou moins lointaine et deviennent, en quelque sorte, les subprimes de l'innovation.
Il reste que nous avons besoin de plateformes pour soutenir des collectivités en matière de recherche, d'innovation et d'exploitation dans des bassins d'emplois, mais il faut prendre des précautions, et agir en maillage avec des acteurs nationaux. Le Centre technique des industries mécaniques est actuellement sollicité par une dizaine de plateformes : trois d'entre elles sont légitimes, trois suscitent des interrogations de notre part et demandent une reconfiguration… Quant aux autres, nous sommes tentés de leur servir de la mort-aux-rats.
Les projets existent, une dynamique est à l'oeuvre, mais les initiatives sont très nombreuses. L'argent manque ; nous devons être efficaces. Faute de choix judicieux, des structures disparaîtront par manque de fonds alors qu'elles ne le méritent peut-être pas.