Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 4 novembre 2016 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2017 — Sécurités

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Nous devons traiter ces sujets de manière républicaine, dans la conformité au droit. Il ne faut pas confondre les coups d’épaule, les coups de menton avec l’efficacité. En général, c’est même assez peu compatible.

Nous agissons de manière rigoureuse, avec détermination et maîtrise, mais nous le faisons, et sans aucune volonté d’instrumentaliser la question de l’islam de France à des fins de politique intérieure en créant des antagonismes, des divisions, des fractures au sein de la société française alors que nous avons besoin, pour affronter le terrorisme, de démontrer que la République veut prendre dans ses bras tous ses enfants, dès lors qu’ils respectent les règles de la République. C’est aussi cela, la laïcité.

Oui, nous avons décidé de fermer quatre mosquées, dont une dans votre département, au terme de réunions que j’ai eues avec le président du Sénat et la maire de la ville concernée. Un certain nombre de parlementaires de la majorité, dont vous-même, avait également appelé mon attention sur cette affaire, et j’ai donc pris mes responsabilités dans le respect rigoureux du droit.

Vous m’interrogez également sur la formation des agents des collectivités locales et des associations. Nous avons mis en place, sous l’égide du conseil interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, une offre de formation la plus complète possible.

Au niveau national, tout d’abord, des sites de formation sont régulièrement proposés et ouverts à un public très large, dont font partie les agents des collectivités locales et les associations.

Au niveau départemental, ensuite, j’ai demandé aux préfets d’organiser des séminaires de formation en s’appuyant notamment sur les douze modules vidéo de formation qui ont été réalisés par mes services et qui sont en ligne, accessibles à tous, sur le site du Centre des hautes études du ministère de l’intérieur.

De surcroît, nous avons une formation nationale spécifique pour les élus comme pour les cadres territoriaux. Elle sera organisée de nouveau au mois de janvier pour un nombre plus important d’élus, conformément à ce que le Premier ministre et moi-même avons indiqué devant les élus réunis à la Cité des sciences il y a quelques jours. Nous pourrons également faire en sorte que les coordonnateurs des CLSPD – conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance –, les chefs de service de la politique de la ville, de la jeunesse, des polices municipales, puissent participer désormais à ces cycles de formation. Je sais qu’il s’agit pour vous d’une préoccupation constante et je voulais y répondre ce matin.

Avec le Premier ministre, le conseil interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation, ainsi que les grandes collectivités locales, nous avons, le 24 octobre dernier, à l’occasion des premières rencontres nationales consacrées à la prévention de la radicalisation, engagé des pistes nouvelles. Nous avons notamment, par une circulaire de septembre 2016, demandé à tous les préfets de rencontrer les présidents des exécutifs locaux les plus concernés par la problématique de la radicalisation, dans le but non seulement de les informer des actions de prévention mises en place sur leur territoire, mais aussi d’envisager avec eux les meilleurs moyens de les associer au dispositif de prévention.

Pour ce qui concerne le second point de votre question, j’ai souhaité structurer le dispositif de prévention de la radicalisation autour des préfets de département. Ceux-ci ont la responsabilité de réunir autour d’eux les procureurs de la République et l’ensemble des services de l’État et des collectivités locales concernés afin d’être capables de prendre en charge la situation des personnes signalées à la plateforme nationale – le centre d’appel – ou identifiées territorialement par les services de renseignement, de sorte que l’on puisse avoir des dispositifs de déradicalisation clefs en main permettant d’engager des actions de déradicalisation de ces publics. Nous obtenons de bons résultats, puisque près de 2 000 jeunes radicalisés signalés ont été traités, et les actions que nous engageons permettront d’en traiter davantage encore.

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