Intervention de François Rochebloine

Séance en hémicycle du 4 novembre 2016 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2017 — Sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission des affaires culturelles et sociales, monsieur le rapporteur spécial, monsieur le rapporteur pour avis, mes chers collègues, à l’heure où la société française est en perte de repères, la mission que nous examinons cet après-midi prend une résonance toute particulière, tant elle est essentielle à la construction du lien social – cela a été évoqué – comme à la commémoration du vivre ensemble.

Si la jeunesse est « la fleur de toute la nation », comme l’écrivait Fénelon, on doit constater que celle de notre pays s’étiole. Comme j’ai eu l’occasion de le rappeler récemment dans une question au Gouvernement, depuis la crise financière de 2008, le taux de pauvreté des enfants a en effet progressé de 1,7 point pour atteindre 19,8 %. En 2013, 2,7 millions d’enfants vivaient sous le seuil de pauvreté, soit 400 000 de plus qu’en 2008. Près de 25 % des jeunes actifs sont au chômage, 110 000 jeunes sortent du système éducatif sans diplôme, et 1,9 million de jeunes sont sans emploi et ne suivent ni études ni formation.

Si l’on ne peut que se réjouir de l’apparente augmentation globale des crédits consacrés à cette mission, la réalité est toute autre : le renforcement de ses moyens budgétaires se traduit principalement, monsieur le ministre, par la hausse des crédits en faveur du service civique.

Les crédits des autres actions du programme « Jeunesse et vie associative » subissent même des baisses, à l’exception de la subvention versée au FONJEP et celles liées à la signature de conventions internationales.

Notre plus grande inquiétude porte sur la baisse, dans des proportions loin d’être négligeables, du budget des associations. Celle-ci est difficilement compréhensible au regard des objectifs comme de la communication du Gouvernement.

Comment expliquer un tel déséquilibre entre les efforts accomplis pour développer le service civique et les contraintes parfois très fortes s’exerçant sur les autres actions du programme ? Certes, le service civique est un facteur de mixité et d’insertion, mais ce dispositif ne saurait se substituer aux autres outils au service de la jeunesse et des associations.

S’agissant du programme 219, « Sport », les rumeurs de baisse de l’intervention de l’État en faveur des fédérations ont fortement agité le milieu sportif – vous le savez, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État –, et l’on ne peut qu’être satisfait d’avoir vu cette piste abandonnée. Le soutien aux fédérations est en effet essentiel car elles sont à l’origine des succès et des réussites de nos athlètes lors des grandes compétitions internationales.

À cet égard, il est grand temps d’engager une politique ambitieuse en faveur du sport et de donner les moyens à notre pays de devenir une nation de sport de haut niveau, vous le savez aussi. L’exemple de l’investissement des Britanniques en amont et en aval des Jeux olympiques de Londres – auxquels vous avez assisté l’un et l’autre, ce qui était tout à fait naturel et nécessaire – est probant : après d’être classée juste derrière les États-Unis et la Chine en 2012, la Grande-Bretagne a été la deuxième nation au classement des médailles, l’été dernier, à Rio, devant la Chine. À Rio, la France, quant à elle, a terminé à la septième place du classement des nations, soit un rang inférieur à l’ambition initiale, qui était de figurer durablement dans le « top 5 ». Cela vaut également pour les Jeux paralympiques, à l’issue desquels la France s’est classée à la douzième place, madame Buffet en a parlé à l’instant.

Je constate à regret que les crédits affectés plus particulièrement au CNDS diminuent encore cette année – vous ne me direz pas le contraire –, de 4,3 millions d’euros, après avoir déjà baissé de 5,75 millions d’euros en 2016. À force d’amputer les ressources du CNDS, il est à craindre que sa part territoriale ainsi que l’aide apportée aux clubs subissent un nouveau recul. Par ailleurs, comme nous l’avions précisé l’année dernière, nous estimons que le financement de la candidature de Paris aux Jeux olympiques et paralympiques devrait être assuré par le budget des sports et non par celui du CNDS. Je suis persuadé que mon collègue et ami Régis Juanico partage ce sentiment.

À ce jour, notre unique source de satisfaction est, si l’on peut dire, l’amendement déposé par M. Juanico – pardon de le citer à nouveau –, tendant à prolonger jusqu’en 2024 le prélèvement de 0,3 % sur les mises des jeux de loterie, afin de financer le développement de la pratique du sport.

En effet, avant le choix de la ville hôte pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, la France organisera plusieurs grands événements sportifs internationaux, ou GESI : le championnat du monde de handball masculin, cher à Régis Juanico – pardon de le citer une nouvelle fois –,…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion