Le décrochage scolaire est l'un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les systèmes éducatifs de nombreux pays. En France, ce phénomène est un véritable drame national puisqu'il conduit plus de 150 000 élèves à sortir chaque année de l'école primaire sans maîtriser la lecture, l'écriture ou le calcul. Il est une des causes essentielles d'échec dans les études secondaires et, plus tard, de non-intégration sociale.
Je continue de déplorer que, dans les contraintes budgétaires actuelles, les sommes dépensées pour les temps d'activités périscolaires (TAP) n'aient pas été prioritairement affectées à la lutte contre le décrochage scolaire. Je crois qu'il s'agit d'une erreur stratégique majeure de notre politique éducative actuelle.
Pour lutter contre ce décrochage et pour donner à nos écoles rurales les moyens de la réussite pour tous, j'ai, en mobilisant 140 000 euros de ma réserve parlementaire ces dernières années, équipé plus de quarante classes en tableaux numériques interactifs. Ces outils permettent de nouvelles pédagogies, une certaine individualisation de la démarche, une attractivité nouvelle pour les élèves les moins motivés par le travail scolaire, le partage et le travail collaboratif entre enseignants et élèves, une intégration plus facile des élèves en situation de handicap, un enseignement à distance pour les élèves absents et, d'une manière plus générale, l'éducation à la maîtrise du numérique.
Depuis deux ans, avec la directrice académique des services de l'éducation nationale en Loir-et-Cher, j'ai approfondi cette action en équipant deux écoles en valises de tablettes ou de micro-ordinateurs. Cette mobilité et cette modularité permettent de couvrir toutes les classes de ces écoles et de mieux individualiser la pédagogie, l'objectif étant de toucher les élèves sédentaires comme les élèves nomades, nombreux dans la vallée du Cher.
Je crois que les actions préventives du décrochage produisent toujours plus d'effets que les actions réparatrices. Je crois aussi que le décrochage est d'autant plus faible que le système scolaire est plus intégrateur, à la fois par le caractère commun de la scolarité et par la prise en compte des particularités individuelles des élèves. Le numérique est un outil sans pareil pour satisfaire ces deux objectifs apparemment contradictoires, en fournissant des ressources supplémentaires aux élèves en difficulté tout en leur permettant de rester dans un cursus ordinaire. Comment et avec quels moyens, au plan national, le numérique est-il mis au service de cette lutte contre le décrochage scolaire ?