Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 2 novembre 2016 à 9h00
Commission élargie : finances - affaires étrangères - lois constitutionnelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères :

…et que le projet de budget pour 2017 aura pour effet, s'il est adopté en l'état, de rétablir des crédits supérieurs à ce qu'ils étaient en 2012. Il est effectivement souhaitable que l'on en finisse avec des hausses et des baisses en dents de scie pour en venir à une augmentation régulière des crédits alloués à l'aide publique au développement ; j'espère que l'évolution constatée en ce sens depuis l'année dernière se confirmera dans le temps.

Je suis heureuse que le Gouvernement ait accepté nos amendements, pour que nous puissions augmenter la part des dons et celle de l'aide bilatérale, et que nous ayons accru significativement – 50 millions d'euros – notre aide aux pays qui accueillent des réfugiés. Valérie Fourneyron a donné un coup de chapeau mérité au Liban, qui accueille 1,5 million de réfugiés ; rapporté à sa population, cela correspond à l'accueil de 20 millions de personnes par la France. On voit l'ampleur de l'effort consenti par ce petit État et aussi par la Jordanie et les autres pays limitrophes des conflits.

Je partage le point de vue de ceux de nos collègues qui ont appelé à ne pas opposer aide multilatérale et aide bilatérale ; les deux se complètent. L'exemple du Royaume-Uni a été donné : l'aide bilatérale doit servir de levier à la meilleure utilisation de l'aide multilatérale. Dans un contexte de pénurie des ressources publiques, c'est évidemment ce vers quoi nous devons tendre. Par ailleurs, puisque l'aide publique au développement est évidemment un support majeur de notre politique étrangère, il nous faut entraîner nos partenaires européens à allouer une aide bien supérieure aux pays du sud de la Méditerranée et aux pays de l'Afrique subsaharienne, car nous n'y pourvoirons pas seuls.

Je ne saurais faire mienne l'expression de M. Myard selon laquelle le ministre des affaires étrangères « introduirait le loup dans la bergerie ». La Chine n'est-elle pas déjà présente en Afrique ? Puisqu'il en est ainsi, n'est-il pas de bonne pratique, étant donné les excellentes relations politiques que nous entretenons avec un pays qui dispose de moyens de financement autrement plus considérables que ceux qu'aucun autre État est disposé à investir, de chercher à mieux orienter, au bénéfice de notre politique étrangère, l'affectation de crédits qui seront dirigés vers le continent africain quoiqu'il en soit, soit pour acquérir des terres agricoles en Afrique subsaharienne, soit pour privilégier un mode de développement uniquement fondé sur l'exploitation des matières premières et non sur des investissements productifs ?

L'intérêt de la France est d'entraîner les États européens. Nicole Ameline et moi-même, qui revenons de l'assemblée générale des Nations unies à New York, pouvons témoigner que, dans les enceintes internationales, on est reconnaissant à la France des efforts qu'elle accomplit en faveur de la sécurité de l'Europe – et donc du monde – en luttant contre l'extrémisme violent, et de ce qu'elle fait pour essayer d'en finir avec des réflexes archaïques. Nous devons, à mon sens, repenser entièrement notre aide au développement. Au-delà du commerce, qui reste nécessaire et utile, nous devons nous orienter vers de nouvelles formes de partenariat, avec des investissements partagés conduisant au partage de la valeur ajoutée. Si notre aide publique au développement en Afrique s'inspire davantage de ces principes, tout le monde sera gagnant et l'image de la France en sera considérablement renforcée.

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