Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, messieurs les rapporteurs spéciaux, madame la rapporteure pour avis, chers collègues, avec plus de 27 milliards d’euros, le budget de la recherche et de l’enseignement supérieur est en augmentation de 3,16 %, ce qui en fait en volume le troisième budget de l’État après l’enseignement scolaire et la défense.
Le volume de cette mission se justifie par l’étendue de son champ d’action : elle s’articule en effet autour de neuf programmes et revêt une forte dimension interministérielle.
En effet, si elle est engagée par le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, cette mission implique également cinq autres ministères : celui de l’environnement, de l’énergie et de la mer, celui de l’économie et des finances, celui de la défense, celui de la culture et de la communication, et, enfin, celui de l’agriculture, l’agroalimentaire et de la forêt.
En outre, la mission associe également les ministères chargés de la santé, du travail et des affaires étrangères : la France a donc en matière de recherche et d’enseignement supérieur, monsieur le secrétaire d’État, une véritable ambition.
Cependant, force est de constater que la qualité des établissements d’enseignement supérieur de notre pays souffre d’un manque de reconnaissance sur le plan international.
La semaine dernière, le Times a publié le palmarès des 1 000 meilleures universités du monde, dans lequel seules trois universités françaises sont mentionnées : l’École normale supérieure, au 66e rang, l’École polytechnique, au 116e, et l’Université Pierre et Marie Curie - Paris VI au 121e.
Au plan européen, cette même étude établit que, sur les 200 meilleures universités du continent, 46 sont britanniques – 7 d’entre elles se classant dans les dix premières – et seulement 3 françaises.
Plusieurs explications doivent ici être apportées. D’une part, le premier handicap dont souffrent nos universités est sans doute le niveau de salaire de nos enseignants-chercheurs.
Ceux-ci débutent en effet leur carrière entre 1 700 et 1 800 euros nets par mois. En outre, un maître de conférences français gagne 45 % de moins que son homologue danois, 35 % de moins que son homologue américain et 33 % de moins que son homologue britannique !
En Grande-Bretagne, le salaire mensuel d’un professeur d’université peut atteindre 8 000 euros : ce niveau de salaire, supérieur à celui de notre pays, permet d’instaurer un véritable cercle vertueux.
En effet, offrir un salaire attractif aux enseignants-chercheurs permet d’attirer les plus réputés d’entre eux et, par suite, les meilleurs étudiants de par le monde. Enfin, cette émulation intellectuelle et scientifique permet de réunir les meilleurs financements de recherche : la boucle est ainsi bouclée.
Le Gouvernement a pris conscience de cette problématique des carrières dans l’enseignement supérieur et la recherche. Ainsi, une hausse de 1,2 % du point d’indice d’ici 2017 permettra une amélioration des carrières et des parcours professionnels : elle se traduit par un effort budgétaire évalué à 59,4 millions d’euros.
Du côté des études supérieures elles-mêmes, notre pays aurait tout intérêt à s’inspirer de ce qui se pratique ailleurs, ce qu’il a d’ailleurs commencé à faire depuis quelques années, par exemple dans le domaine de l’élargissement des plages horaires d’ouverture des bibliothèques universitaires.
Beaucoup reste, nous en sommes conscients, à faire : il faudrait donner un coup d’accélérateur au développement de l’enseignement au moyen du numérique, instaurer un dialogue inter-universitaire et inter-disciplinaire et généraliser un système de tutorat permettant, comme cela se fait chez nos voisins d’outre-Manche, de mettre en place des cours particuliers à un ou deux étudiants seulement.
Le budget de la mission « Recherche et enseignement supérieur » pour 2017 a été bâti – le groupe radical, républicain, démocrate et progressiste en a conscience – dans un contexte contraint : son augmentation est donc tout à fait louable.
Mais les efforts ne doivent pas cesser. Entre 2012 et 2017, les moyens alloués par l’État à l’enseignement supérieur et à la recherche auront augmenté, je veux le souligner, de 1,4 milliard d’euros, soit une augmentation de plus de 6 %. Le Gouvernement issu des élections de l’année prochaine ne devra pas stopper ce mouvement, certes encore insuffisant, mais bien réel.