Intervention de Rudy Salles

Séance en hémicycle du 9 novembre 2016 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2017 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRudy Salles :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, lire, écrire, compter, c’est la base de tout : la recette simple de Charles Péguy ne semble malheureusement plus d’actualité sous cette majorité, tant le budget de la mission « Enseignement scolaire » s’éloigne de ces fondamentaux. Les faits sont robustes. Maillon souffrant du système éducatif, le collège ne parvient plus à garantir à tous l’acquisition des savoirs de base, pas plus que l’école ne corrige les conséquences liées à l’origine sociale des élèves. Désormais, les inégalités constatées en sixième entre un élève qui maîtrise cent mots et son camarade qui en maîtrise mille ne seront jamais aplanies ; elles handicaperont l’avenir professionnel, social et personnel du plus faible. À l’issue de la scolarité au collège, 20 % environ des élèves ne maîtrisent pas les compétences de base en français et 20 % d’élèves ont une maîtrise insuffisante des mathématiques.

Face à ces difficultés, votre réponse a été consternante, comme en témoigne la réforme du collège, mise en place à la hussarde – Xavier Breton l’a très justement rappelé. Si l’interdisciplinarité n’est pas condamnable en elle-même, on ne peut tolérer qu’elle ampute les heures des savoirs fondamentaux. De même, vous supprimez les langues anciennes, pourtant facteur de diversité, pour vous targuer que tous les élèves de cinquième bénéficient désormais de deux heures et demie d’enseignement d’une deuxième langue vivante chaque semaine, alors qu’on sait d’expérience qu’un enseignement de moins de trois heures hebdomadaires ne permet pas un apprentissage satisfaisant.

En matière d’éducation prioritaire, le bilan n’est guère plus optimiste. Comme j’avais eu l’occasion de le souligner dans mon rapport sur les politiques de mixité sociale dans l’éducation nationale, rédigé aux côtés d’Yves Durand, le système français est très inégalitaire et ces inégalités sont de plus en plus corrélées aux différences sociales entre élèves. Cette ségrégation a de graves conséquences car elle oblige les professeurs à diminuer leurs exigences pédagogiques. La rénovation de l’éducation prioritaire n’a rien changé puisque 20 % des établissements restent classés REP, ou REP+.

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