Ce nombre excessif contribue à l’éparpillement des moyens et des efforts. Vous annoncez que 7 600 nouveaux emplois ont été spécifiquement affectés à ces 7 834 structures : soyons réalistes, cela fait moins d’un emploi par établissement !
Dans un autre domaine, le compte n’y est toujours pas. François Hollande promettait de diviser par deux le nombre de décrocheurs ; quatre ans après, nous en sommes loin puisqu’on est passé de 136 000 élèves à 110 000. Et ce n’est pas la prime au rattrapage – ou prime à l’école buissonnière – qui va enrayer définitivement ce phénomène.
En 2012, on nous avait annoncé la création de 60 000 postes supplémentaires, et il aura fallu plusieurs astuces comptables pour arriver in fine à ce chiffre. Madame la ministre, cette politique du chiffre n’est pas la bonne. Elle est à la fois dispendieuse et contre-productive, comme le souligne le récent rapport de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques, IFRAP. En effet, les déficits publics augmentent à mesure que les résultats de nos élèves diminuent dans les évaluations internationales. Pire, les créations de postes repoussent toute réforme réelle du métier d’enseignant et de l’organisation des enseignements.
Je ne parlerai pas ici des failles du recrutement des professeurs contractuels, mais seulement de la formation des enseignants titulaires. En trois ans d’exercice, le bilan des écoles supérieures du professorat et de l’éducation est fort disparate. La formation des enseignants reste focalisée sur la maîtrise de la seule discipline et s’attache trop peu à la manière d’enseigner. Dans les universités, les masters d’enseignement ne permettent pas l’acquisition de compétences transversales, voire ressemblent parfois à une superposition de thématiques abordées sans cohérence, souvent recyclées de la formation dispensée auparavant dans les instituts universitaires de formation des maîtres, IUFM. Dans le même temps, l’accompagnement dont devaient bénéficier les jeunes enseignants-stagiaires reste minimal – parfois une seule visite en un an, selon le Syndicat national des enseignements de second degré, en 2015. Plus grave, la formation continue des enseignants, totalement sinistrée, est toujours sous-dotée financièrement : 200 millions d’euros pour les années 2016 et 2017.
La question du remplacement des enseignants absents est également préoccupante. Chaque année, en moyenne, un collégien ou un lycéen perd vingt-neuf heures de cours, c’est-à-dire une semaine sur les trente-six que compte l’année scolaire. Au primaire, ce sont deux jours et demi de classe par an et par écolier qui ne sont pas assurés ; la moyenne dépasse même quatre jours dans certaines académies. Vous nous avez annoncé un énième plan, mais le mal est plus profond ; il faut avoir le courage politique de répondre au manque de vocations et de dépasser les dispositions techniques.
Je n’aurai pas le temps d’évoquer les rythmes scolaires, abordés par Xavier Breton, mais n’en doutez pas, le sujet n’est pas clos et il nous faudra à nouveau reprendre la plume. La réforme est certes en place, mais reste toujours critiquée sur le terrain et coûte chaque année plus de 300 millions d’euros à l’État et autant aux familles et aux collectivités.
En définitive, avec le discours idéologique des ministres successifs érigeant l’égalitarisme en dogme, on est loin de la révolution attendue. Au regard de toutes ces carences, de toutes ces erreurs, nous ne comprenons pas l’autosatisfecit que vous manifestez et partagez avec les rapporteurs de chaque commission. Ce constat, stigmate de vos échecs successifs, entrave l’avenir de nos enfants. Madame la ministre, le groupe de l’Union des démocrates et indépendants n’est pas dupe de cet effet d’affichage et votera contre ce projet de budget.