Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur spécial, monsieur le rapporteur pour avis, mes chers collègues, la mission que nous examinons en cette fin de journée est essentielle car elle porte sur les moyens que la France se donne pour peser, exister et faire entendre sa voix au-delà de ses frontières. Pourtant, avec 2,9 milliards d’euros de crédits de paiement pour 2017, le budget alloué à la mission baisse d’environ 30 millions d’euros à périmètre constant, c’est-à-dire sans tenir compte du programme temporaire qui a financé la COP21 l’an dernier.
Certes, des moyens supplémentaires sont prévus cette année au titre de la lutte contre le terrorisme. Une dotation complémentaire de 60 millions d’euros est en effet dédiée à la sécurité et à la création de 67 équivalents temps plein pour mettre en oeuvre le plan de renforcement des moyens de lutte contre le terrorisme et de protection des communautés et intérêts français à l’étranger. Il ne pouvait que difficilement en être autrement dans le contexte actuel. Nous saluons donc les efforts réalisés en faveur de la sécurité, s’agissant notamment des travaux de sécurisation des établissements scolaires à l’étranger.
Nous déplorons en revanche que ces moyens supplémentaires s’accompagnent d’une démarche importante de rationalisation, destinée à réduire les dépenses de fonctionnement. La priorité accordée à la sécurité masque ainsi une réduction drastique des crédits dans les autres domaines.
Des efforts considérables ont été demandés en cinq ans en matière d’action extérieure de l’État. Depuis 2012, 604 emplois ont été supprimés sur le périmètre de la mission ; en dix années, le ministère aura réduit ses effectifs de 15 %. En raison des économies ainsi imposées, les opérateurs concernés risquent de se trouver dans l’impossibilité d’assurer leurs missions.
S’agissant du seul programme 185 « Diplomatie culturelle et d’influence », hors moyens supplémentaires relatifs à la sécurité, les crédits demandés atteignent 620,1 millions d’euros, soit une baisse de 3,8 % par rapport à 2016. Les attaques terroristes qui ont bouleversé le pays en 2015 et 2016 ont fortement écorné l’image de la France à l’étranger et entraîné une diminution de la fréquentation internationale des lieux touristiques. Or le tourisme génère entre 7 et 8 % du produit intérieur brut français – vous le savez mieux que quiconque, monsieur le ministre – et représente environ 2 millions d’emplois directs et indirects : c’est donc un secteur essentiel.
Nous regrettons donc la baisse de 0,8 % par rapport à 2016 des crédits destinés à l’agence Atout France. L’enveloppe de 10 millions d’euros qui a été débloquée est loin d’être suffisante, ainsi que notre collègue Rudy Salles l’a indiqué en commission élargie. En matière de promotion internationale, la France est très en retrait par rapport à ses principaux voisins et concurrents – le Royaume-Uni, l’Italie, et l’Espagne.
Notre exceptionnel réseau diplomatique et culturel nous permet de faire entendre dans le monde notre voix, si forte et si particulière, mais pourrons-nous continuer à encourager le développement de ce réseau si ses effectifs se voient réduits de 115 équivalents temps plein et si les moyens de fonctionnement des ambassades diminuent de 4 % ?
Nos valeurs universelles sont aussi portées par la culture et l’enseignement. S’agissant de l’attractivité universitaire et scientifique, la France, troisième pays pour l’accueil des étudiants étrangers, doit renforcer ses positions. En 2012, lors d’un discours prononcé devant la communauté française de Rome, le Président de la République avait évoqué la nécessité « d’augmenter le niveau des bourses et le nombre des bourses pour assurer la démocratisation de l’enseignement français à l’étranger ».