Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 3 novembre 2016 à 10h00
Mission d'information sur les suites du référendum britannique et le suivi des négociations

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou :

Il y a une chose réconfortante dans vos propos : si le Brexit est une mauvaise nouvelle, c'est surtout une mauvaise nouvelle pour les Britanniques. Ils sont les responsables de cette décision, que nous regrettons profondément, et il ne tient qu'à nous que les conséquences n'en soient pas trop dommageables, nous pouvons même en faire une opportunité. C'est un élément à considérer dans notre attitude à l'égard de l'Union européenne.

À entendre les analyses développées par le gouverneur de la Banque de France et la directrice du Trésor, l'essentiel va dépendre de la façon dont nous abordons la négociation. Rien n'est plus dommageable que l'incertitude, pour l'économie, pour le secteur financier, mais aussi pour l'ensemble des vingt-sept pays de l'Union européenne. Malgré les positions très nettes de la Première ministre britannique sur la date et la façon dont les Britanniques vont entrer dans la négociation, tout reste soumis à de nombreuses incertitudes.

Ceux au Royaume-Uni qui souhaitaient rester dans l'Union espèrent un revirement, et nous ne savons pas comment les choses peuvent évoluer au sein du gouvernement britannique et du Parlement. La grande majorité du Parlement était opposée au Brexit, et c'est bien à lui qu'il reviendra d'approuver l'accord de divorce – si toutefois il se conclut avant mars 2019, ce qui est évidemment très souhaitable puisque les élections européennes auront lieu deux mois plus tard.

Donc, malgré toute l'amitié et la compassion que nous pouvons avoir pour nos amis britanniques qui souhaitaient rester dans l'Union européenne, je pense qu'il faut que nous entrions dans cette négociation avec beaucoup de fermeté. Cela évitera les pollutions nées des conséquences indirectes de négociations d'accords avec des pays tiers.

Les discussions sur les conditions du divorce doivent être limitées aux quelques points que Mme Renaud-Basso a évoqués, sans nous perdre dans toute sorte de sujets variés. Une fois entrés dans ces discussions, il y a un vrai risque que les Britanniques prennent conscience de l'absurdité folle de cette décision et modifient leur position. On ne peut pas se laisser ballotter ; peut-être qu'un jour, le Royaume-Uni, constatant les effets négatifs du Brexit pour lui-même, choisira de revenir. Mais tout dépend de l'attitude que nous adopterons, et de notre capacité à rester unis, sur le plan politique et sur le plan technique.

J'ai une question fondamentale : de votre point de vue, comment pouvons-nous le mieux défendre les intérêts de la France, défensifs et offensifs, et amener les autres Européens à nous rejoindre ? Quelles concessions devrons-nous faire à l'unité des Vingt-sept ?

J'ai la conviction que nous ne sortirons convenablement de cette situation qu'en entrant dans les négociations de façon très ferme, sans commencer à intérioriser la dislocation du marché unique, comme certains l'ont fait dans des articles que je continue à ne pas comprendre. Par ailleurs, nous devons avoir le souci de défendre nos intérêts franco-français, mais aussi d'être ouverts aux intérêts des vingt-six autres États, et ce ne sera pas la chose la plus facile à faire.

C'est à l'initiative d'une majorité de parlementaires de la commission des affaires étrangères – que j'ai l'honneur de présider – que les amendements sur la taxe sur les transactions financières ont été adoptés. Mon opinion est qu'il faut revenir sur l'intraday, qui défavorise trop les intérêts français. Quant au niveau de la taxe sur les transactions financières, c'est un enjeu de financement de l'aide au développement. Peut-être peut-on trouver une autre solution, mais je ne suis pas sûre de me faire la porte-parole de la majorité de la commission des affaires étrangères en le disant. C'est une question importante, nous devons tenir compte d'intérêts beaucoup plus généraux : aider des pays qui nous sont proches et défendre des intérêts de sécurité et de maîtrise de l'immigration.

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