Concernant la presse, j’ai noté avec satisfaction les remarques très positives figurant dans le rapport de Mme Duby-Muller à propos de la création du fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation. Elle souligne que cela représente un vrai changement de direction. Je ne peux que souscrire à cette appréciation, ayant appelé de mes voeux dans tous mes rapports précédents une orientation plus volontariste des aides à la presse vers la création et l’innovation. Ce fonds, doté de 5 millions d’euros en 2017, doit encourager la création et la soutenir. Espérons que les procédures d’attribution ne seront pas trop lourdes, ce qui entraînerait de fréquentes remises en cause.
À l’autre extrémité de la chaîne, les diffuseurs de presse aussi sont satisfaits, grâce aux mesures annoncées : le soutien à la modernisation de ce secteur est augmenté de plus de 60 % – c’était une demande récurrente de ce secteur – ; les diffuseurs de presse spécialistes et les indépendants seront systématiquement exonérés de la contribution économique territoriale. De même pour la création et la reprise des points de vente.
Le rapport de notre collègue Marie-George Buffet à propos du livre et des industries culturelles est comme à son habitude très documenté, au plus près du terrain. Elle nous alerte à propos de la lecture publique ; elle souhaite que cette politique soit revalorisée et que le soutien aux bibliothèques, maillon indispensable de toutes nos collectivités territoriales, soit constant. Je pense que c’est un outil incontournable, indispensable, aussi bien pour nos banlieues que pour nos territoires ruraux.
De même qu’une véritable démocratie ne peut survivre au financement de sa vie politique par un petit nombre d’individus aux ressources infinies, de même les médias, garants de la qualité du débat démocratique, ne peuvent être placés sous l’influence exclusive des seules lois du marché. Ils apportent une contribution essentielle à la diffusion des idées, à la construction d’une conscience politique libre et éclairée, à l’émancipation des esprits. La presse et les médias sous toutes les formes sont des acteurs clés de notre vie démocratique.
Favoriser leur vitalité, leur diversité, leur indépendance : ce sont à l’évidence des objectifs de votre politique légitime et impérieuse. Ce budget s’y emploie avec bonheur, et il doit contribuer à lutter contre le réflexe épinglé par une jolie formule Baudelaire : « Il est si doux de s’endormir sur l’oreiller de l’opinion toute faite. » La démocratie, le pluralisme des médias, c’est aussi le luxe de l’inaccoutumance.
Attention, disait Antoine Vitez, à cette déviance qui scinde le peuple en deux : d’une part un public averti, d’autre part une audience. Madame la ministre, soyons avec vous élitaires pour tous, et votons en confiance pour cet excellent budget.