Intervention de Philippe Gomes

Séance en hémicycle du 16 novembre 2016 à 22h00
Projet de loi de finances pour 2017 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gomes :

Madame la ministre, ma question porte sur la création d’un établissement public d’insertion de la défense en Nouvelle-Calédonie. Comme vous le savez, ces établissements, dénommés « EPIDE », ont été créés par une ordonnance de 2005. On en dénombre une vingtaine sur le territoire national. Ils accueillent 2 500 volontaires, ce qui est bien loin des objectifs initiaux. Ces établissements publics à encadrement militaire s’adressent plus particulièrement à une jeunesse en voie de marginalisation, en situation de décrochage scolaire. C’est pourquoi, d’ailleurs, ils les accueillent à partir de l’âge de 16 ans. On chiffre à 30 % la proportion des jeunes accueillis qui ont été placés en garde à vue ; 20 % ont déjà été jugés pour des faits de délinquance ; 20 % ont également fait une tentative de suicide. C’est dire que ce type d’établissements s’adressent à une jeunesse en proie à des difficultés particulières et à qui une main est tendue pour lui offrir une chance de reprendre le droit chemin.

S’il est un endroit où ce type d’établissement doit s’installer, c’est en Nouvelle-Calédonie. Vous le savez comme moi, madame la ministre, en Nouvelle-Calédonie, 60 % de la délinquance de proximité est le fait de mineurs, ce qui représente – il n’y a là aucun motif de fierté – le triple de la moyenne nationale. On recense en Nouvelle-Calédonie 50 % du total des violences avec arme sur les forces de sécurité commises dans l’ensemble de l’outre-mer. C’est également un titre dont on se passerait aisément. Enfin, 20 % du total national – je dis bien du total national – des procédures pour ivresse publique manifeste sont engagées en Nouvelle-Calédonie. Ces chiffres proviennent du dernier rapport rendu par les inspections générales de la police et de la gendarmerie, à l’initiative du Comité des signataires. Par ailleurs, on compte 600 décrocheurs scolaires par an, principalement d’origine kanake, qui sont le premier vivier de la délinquance de notre pays. Je dis tout cela pour vous convaincre que l’EPIDE n’est pas un caprice d’élu ultramarin, qui aurait envie d’avoir un établissement chez lui, pour faire joli. Cela correspond véritablement à un besoin fondamental. Si l’on pouvait récupérer une centaine de jeunes parmi ces 600, les placer dans un EPIDE – qui se caractérise, rappelons-le, par un règlement intérieur très strict, la vie en internat, une discipline solide – je suis sûr que l’on donnerait à beaucoup de jeunes du pays une chance de voir la vie autrement. Voilà pourquoi, madame la ministre, nous sommes très engagés pour que cet établissement public puisse voir le jour dans notre pays.

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