J'appartiens à la majorité mais, comme mes deux collègues de l'opposition qui viennent de s'exprimer, je trouve que l'analyse et le chiffrage des acteurs – si j'ose dire – du drame d'Alep semblent totalement fantaisistes. Peut-être ces éléments sont-ils manipulatoires d'ailleurs, même si l'intention ne vient pas du Quai d'Orsay. Dans cette distinction entre les bons et les méchants, les premiers sont forcément les rebelles qui, quand ils sont triés, le sont d'une façon absolument farfelue. On connaît les deux branches d'al-Qaïda en Syrie ; on n'ignore pas le rôle que jouent l'Arabie saoudite et le Qatar dans leur financement ; on sait très bien qu'il y a absolument de tout parmi ceux que vous continuez à appeler les rebelles ou les insurgés. Il y a eu de nombreuses reconversions mais elles se sont opérées dans le mauvais sens, c'est-à-dire en faveur du djihadisme. Vous ne l'avez pas dit vous-même aujourd'hui, mais certains représentants du Quai d'Orsay prétendent qu'il n'y a plus de djihadistes à Alep. C'est totalement insupportable, étant donné la situation.
Dans le même temps, on entend dire que M. Poutine doit être traduit devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye alors qu'on ferme les yeux sur les agissements de nombreux chefs d'État dont on pourrait parler. Mais je préfère ne pas en parler, pas plus que de la CPI. Malheureusement, la continuité de l'incohérence de la politique syrienne de la France depuis plus de dix ans nous fait très mal. Certains d'entre nous et nombre d'observateurs aimeraient que vous ayez raison mais restent persuadés que vous persistez dans l'erreur.