Les deux autres paramètres, ce sont la production et les capacités d'échange aux frontières.
Nous misons sur une consommation durablement stable. L'efficacité énergétique est là, les réflexes d'économie d'énergie aussi. Même s'il y a quelques transferts d'usage vers l'électricité, la consommation stagne, voire pourrait diminuer à moyen terme. Le record français de consommation a été atteint le 8 février 2012, avec 102 gigawatts (GW). Depuis quatre ans, il n'a plus été atteint : l'an dernier, le maximum a été de 89 GW seulement. La pointe de ce soir devrait se situer à 70 GW.
Toutefois, notre consommation demeure très sensible aux évolutions des températures : la France représente 50 % de la thermosensibilité européenne, en raison notamment de notre usage du chauffage électrique. Une baisse d'un degré de la température crée un besoin supplémentaire de 2 400 mégawatts (MW), c'est-à-dire l'équivalent de deux réacteurs nucléaires ou de la consommation de Paris intra muros.
Les difficultés potentielles se rencontrent à deux moments de la journée : celui que nous appelons le « plateau du matin », entre huit et treize heures, et la « pointe du soir », autour de dix-neuf heures. Le reste du temps, la situation est confortable. Voilà pourquoi tout report de consommation hors des heures de pointe est utile. Demain, le stockage devrait nous aider à lisser un peu les courbes.
Cet hiver sera toutefois particulier, car la disponibilité du parc de production est en nette baisse. Je le disais, nous travaillons à partir des données transmises par les producteurs grâce à la plateforme Transparence. À l'heure où je vous parle, la disponibilité du parc nucléaire est historiquement basse : dix réacteurs sont arrêtés pour des raisons soit de rechargement de combustible (cela concerne deux réacteurs), soit de visite décennale (quatre réacteurs), soit de visite périodique (deux réacteurs), soit d'arrêt fortuit (deux réacteurs).
Par ailleurs, dix-huit réacteurs sont concernés par la décision de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) du 18 octobre dernier de procéder à des contrôles de la composition de l'acier des générateurs de vapeur : six ont déjà fait l'objet de contrôles et ont été remis en fonctionnement ; huit sont arrêtés pour cause de contrôle, et quatre seront arrêtés pour contrôle dans les prochaines semaines.
Au total, quarante réacteurs sur cinquante-huit fonctionnent. Par ailleurs, la capacité de production thermique a diminué de 1 200 MW par rapport à l'hiver dernier, et le niveau de l'eau dans les barrages est au plus bas depuis dix ans.
L'éolien et le photovoltaïque contribuent désormais à la sécurité de l'approvisionnement, et pour une part non marginale : ils représentent en effet 1 900 MW supplémentaires par rapport à l'hiver dernier, avec un taux de disponibilité de 30 % pour l'éolien, contre 20 % il y a quelques années, et de 40 % pour le photovoltaïque – sur le plateau du matin, s'entend : le soir, le photovoltaïque, n'est pas disponible…