Il serait souhaitable et même normal qu’en 2016, chaque Français puisse réussir dans ce pays uniquement grâce à son talent, grâce à son travail, ses efforts, et non en raison de ses origines familiales, sociales ou territoriales. C’est cela, la République qui réussit ! Il serait normal que des jeunes voient plus leur avenir en France qu’à l’étranger, qui leur donne parfois plus de chances. Et en ce sens, j’espère que les débats que nous aurons en séance publique, en nouvelle lecture, nous permettront de contribuer à remédier aux inégalités dont sont toujours victimes certains de nos concitoyens.
Hélas, la majorité a distillé des mesures que l’on peut qualifier d’idéologiques dans un texte qui ne devrait pas l’être. Plus d’égalité entre les Français ? Nous voulons tous agir pour atteindre cet objectif. Plus de fraternité entre les Français ? Nous ne pouvons que le souhaiter, à plus forte raison dans la période de doutes et de troubles que nous connaissons actuellement. Mais la liberté, pourtant valeur fondamentale de notre pays, inscrite dans la Constitution, cette liberté donc a été cruellement oubliée. Le titre III, pour ne parler que de lui, ne fait qu’ajouter de nouvelles contraintes pour les entreprises, dans le cadre des procédures de recrutement par exemple, ou de nouvelles obligations pour les collectivités.
L’esprit de ce texte, nous l’avons maintes fois répété, a pris un tournant trop politique. D’un projet de loi qui aurait pu être pragmatique, nous sommes arrivés à un texte rempli de mesurettes visant uniquement à conforter une majorité qui doute. Une majorité qui doute d’elle-même, de ses capacités à proposer des perspectives pour l’avenir, et qui a besoin de se retrouver, de se rassurer, dans certains marqueurs de gauche ; qui doute des Français aussi, puisque ce projet de loi ne leur promet que des contraintes, des obligations, des interdictions, des normes supplémentaires, qui ne font que traduire un manque de confiance des socialistes dans les acteurs locaux pour régler des problématiques locales. Elles traduisent aussi une volonté de faire intervenir les pouvoirs publics à tort et à travers, dans la sphère économique et parfois dans la vie privée des Français – autant de lieux qui ne devraient pas être gérés par l’État.
Je me permets finalement de souligner que, dans le combat contre les discriminations qui fait pourtant l’objet d’un titre entier, et auquel je suis attaché, la ruralité et la jeunesse rurale restent les grandes oubliées de cette loi égalité et citoyenneté. Grandes oubliées de ce texte, et plus largement oubliées de la majorité socialiste depuis 2012. Les inégalités territoriales restent trop fortes dans notre pays et chacun ne se voit pas accorder les mêmes chances et la même attention selon qu’il est né en ville, en zone périurbaine ou à la campagne. Accès aux formations et à l’emploi, aux transports, au numérique : rien n’est fait pour réduire ce que je nomme la fracture rurale, fracture qui sera bientôt un abîme.
Comment assurer l’égalité et la citoyenneté, comment donner le sentiment d’appartenance à une communauté nationale, quand les circonstances séparent à ce point des jeunes d’une même génération, au sein d’un même pays ? Cette jeunesse innovante et courageuse que je fréquente chaque jour dans ma circonscription, les socialistes ne s’y intéressent plus depuis longtemps. Ce texte, qui était l’occasion de rectifier le tir, manque son objectif : celui d’assurer une véritable égalité, une égalité réelle pour tous les Français.