Nous sommes en troisième position, derrière Al Jazeera et Al Arabiya. Nous avons un rapport complexe avec ce pays : quand on s'appelle France, ce n'est pas toujours simple d'être en Algérie ; toutes nos paroles pèsent très lourd. Nous avons néanmoins le projet d'y ouvrir un bureau en trois langues pour nous y implanter très solidement.
L'Arabie saoudite arrive en tête des clients de l'offre numérique en arabe de France 24, ce qui n'est pas inintéressant compte tenu de la situation de cette zone géographique et du fait que le numérique est en pleine expansion. Nous devons continuer à nous adapter aux nouvelles écritures pour être à la pointe en permanence.
Venons-en aux ressources propres. Si l'idée est d'engranger beaucoup de ressources commerciales, France Médias Monde n'est pas la mieux outillée. Dans les grandes démocraties, ce sont des services publics qui développent des chaînes internationales et non pas des groupes privés. Pour financer de tels projets, il faut avoir des pétrodollars ou un marché national de la taille de celui de CNN. S'appuyant sur un énorme marché national, CNN peut financer son développement international à un coût marginal. On observe d'ailleurs le même phénomène dans le domaine du cinéma où l'exportation de films américains se fait à un coût marginal. En France, à part Canal+ qui va un peu en Afrique, aucun groupe privé ne se développe à l'international.
France Médias Monde est tenue de respecter aussi des règles qui limitent sa capacité à générer des ressources commerciales. Nous n'allons pas faire du publireportage sur nos antennes en vendant les espaces au plus offrant ; il y va de notre crédibilité. Il est interdit de parrainer des journaux ou des magazines d'information. On ne peut pas faire parrainer une émission sur le développement durable par des groupes pétroliers ou des émissions médicales par des laboratoires pharmaceutiques.
Cependant, nous allons prendre diverses mesures pour accroître nos ressources. Nous allons monétiser le numérique, ce que nous n'avons pas fait jusqu'à présent. Le décrochage élargi aux programmes de France 24 à destination de l'Afrique peut être une source de revenus publicitaires, si nous parvenons à régionaliser le signal. Nous développons aussi nos réponses aux appels d'offres européens, et CFI nous y aidera. L'Académie, qui fait de la formation, apporte des ressources propres. Enfin, nous sommes un opérateur et un éditeur de musique, et nous touchons beaucoup de droits musicaux. Compte tenu de tout cela, nous pensons pouvoir augmenter nos recettes propres de 15 % pendant la durée du COM, ce que nous avons fait précédemment. Hors appels d'offres européens, leur montant devrait donc représenter un peu moins de 10 millions d'euros. Rappelons que les recettes publicitaires de BBC World sont de l'ordre de 10 millions d'euros.