Je n'ai pas étudié l'histoire de la locution « continuité écologique ». En revanche, j'ai constaté que le terme « biodiversité » n'existait pas avant 1984, année au cours de laquelle il est apparu dans un congrès réunissant des conservateurs. L'esprit « conservateur » et non dynamique imprègne toujours nos approches des représentations de la nature. On parle d'espèce emblématique, de réserves naturelles. Le mot « réserve » vient d'ailleurs de la muséographie.
À mon sens, pour favoriser la biodiversité aquatique, la qualité de l'eau est un facteur plus important que les seuils, mais il est peut-être plus difficile de se battre contre la pollution de l'eau que de s'attaquer aux seuils.
Lorsque j'ai préparé cette table ronde, j'ai souhaité citer trois exemples pris en Ardèche, et j'ai voulu me renseigner sur les dossiers en question en m'adressant à l'Agence de l'eau. J'ai senti que je mettais les pieds sur un terrain dangereux : on voulait clairement orienter mon propos. J'ai donc renoncé à citer des cas précis. Je pense à la commune de Satillieu où des bâtardeaux sur le cours d'eau du Malpertuis permettent la baignade gratuite aux habitants et aux touristes pendant deux mois de l'année. Une association s'est mobilisée pour empêcher la destruction de ce petit barrage, demandée, selon le maire, par l'Agence de l'eau. Cette association a fait de multiples propositions et de véritables concessions pour se conformer aux règles en vigueur ; cela n'a pas empêché le préfet et les gendarmes de débarquer un beau matin avec les bulldozers. Il y a décidément, comme le soulignait Jean-Pierre Bravard, une sorte de monodisciplinarité des services de l'État, qui reste assez troublante.