Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 23 novembre 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Mes chers collègues, nous avons le plaisir d'accueillir ce matin M. Justin Vaïsse, directeur du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère des affaires étrangères. Cette audition fermée à la presse sera consacrée à l'analyse des conséquences de l'élection présidentielle américaine. Nous avons déjà abordé ce sujet hier avec Mme Laurence Tubiana, à propos de l'accord sur le climat, et nous y reviendrons la semaine prochaine puisque nous recevrons, mercredi prochain, le directeur Nations unies du Quai d'Orsay.

L'élection de M. Trump suscite en effet beaucoup d'incertitudes et d'interrogations. Celles-ci portent, tout d'abord, sur le futur entourage du président élu. M. Trump a d'ores et déjà procédé à la nomination du directeur de la CIA, M. Pompeo, du Procureur général des États-Unis, M. Sessions – à qui l'on reproche d'avoir tenu par le passé des propos racistes –, du Conseiller à la sécurité nationale, M. Mike Flynn, de son chef de cabinet à la Maison blanche, M. Reince Priebus, dont la nomination a été perçue comme plutôt apaisante, à la différence de celle de M. Steve Bannon, nommé Conseiller spécial, qui a été une figure clé de la campagne et dont les positions extrémistes sont connues. À ce propos, monsieur Vaïsse, je souhaiterais que vous nous précisiez le nombre exact des personnes qui doivent être nommées par le nouveau Président d'ici à son investiture, au mois de janvier, car, si nous savons qu'elles sont plusieurs milliers, les chiffres diffèrent sur ce point.

Les interrogations portent également sur le fond, notamment sur la politique étrangère américaine. On se demande en effet quelles inflexions pourraient y être apportées, notamment dans quatre dossiers particulièrement importants.

S'agissant de la lutte contre le terrorisme et contre Daech, la volonté exprimée par M. Trump de nouer une nouvelle alliance avec M. Poutine l'amènera-t-il à interrompre l'aide américaine apportée à ceux des rebelles syriens qui ne sont pas considérés comme djihadistes ?

Le second dossier est celui de la sécurité en Europe. Quelle sera son attitude au sein de l'OTAN ? On l'a beaucoup entendu dire que les coûts de cette organisation étaient insupportables pour les États-Unis et que les Européens devaient désormais prendre en charge leur propre défense. Par ailleurs, s'il a dit souhaiter rétablir de bonnes relations avec la Russie, il a également regretté la réduction des programmes de défense antimissile en Europe décidée par Obama.

Troisièmement, quelle sera son attitude vis-à-vis de l'accord nucléaire avec l'Iran ? Nous savons que le président iranien, M. Rohani, qui est confronté à une farouche opposition interne à cet accord, doit présenter sa candidature à l'élection présidentielle qui doit se tenir en mai prochain. Or, nous n'avons absolument pas intérêt à ce que les « durs » actionnés par les Pasdaran l'emportent contre lui.

Quatrièmement, des questions se posent à propos des négociations commerciales internationales et de l'accord de Paris sur le climat. Sur ce dernier point, Laurence Tubiana a été, hier, plutôt rassurante, mais vous nous direz ce que vous en pensez. Enfin, je souhaiterais que vous nous indiquiez quelles conséquences l'élection de M. Trump peut avoir, selon vous, pour l'Europe. La possibilité d'une entente entre le président américain et M. Poutine sur le dos des intérêts européens suscite beaucoup d'inquiétudes.

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