C'est avec grand plaisir que je vous accueille ici au nom de la Commission des affaires européennes, qui s'est déplacée à Marrakech pour la COP22 et a assisté, le jeudi 17 novembre, à votre présentation, en compagnie de Mme El Haite, de la plateforme 2050, et à la standing ovation qui a suivi. Elle saluait l'espoir et l'engagement volontaire de tous les acteurs pour réduire l'émission de gaz à effet de serre d'ici 2050. Ces émissions se sont théoriquement stabilisées depuis deux ans, ce qui n'empêche pas le réchauffement climatique de se poursuivre. Par ailleurs, les émissions européennes ont, elles, plutôt repris à la hausse, ce qui n'est pas une bonne nouvelle.
Cette COP22 aura sans doute été en demi-teinte, par rapport à la COP21, dont les enjeux étaient si forts. Selon ce qu'on regarde de son bilan, on peut y voir un verre à moitié plein ou à moitié vide. À moitié plein parce la mise en place des structures qui doivent nous permettre d'être opérationnels en 2018 s'est accélérée ; à moitié vide, parce que, au-delà de la Déclaration de Marrakech, qui est un beau texte mais qui n'est qu'un texte, que se passe-t-il concrètement ? Dans un contexte nourri par les inquiétudes au sujet de la position des États-Unis en général et de Donald Trump en particulier, l'Europe devrait plus que jamais faire figure de bonne élève du climat : or, si l'Union européenne a signé l'accord de Paris, à la suite de la France et d'autres pays, la Pologne s'est fait tirer l'oreille, ce qui peut faire douter de la capacité de l'Europe à être solidaire et moteur dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette COP aura également été une COP africaine. Or, le Réseau Action Climat comme les ONG africaines s'inquiètent moins de l'atténuation que de l'adaptation, du fait de la faiblesse des engagements financiers. À côté du Fonds vert en effet, plutôt orienté – pour faire vite – vers les États, le fonds de 100 milliards destiné à financer de petits projets locaux semble assez incertain. Pouvez-vous nous rassurer, et pensez-vous que des pays aussi fragiles que certaines îles ou les pays d'Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) pourront financer des projets locaux d'électrification ou de mise en place de réseaux d'eau potable ?
À terme enfin, pensez-vous qu'il y aura d'ici 2018 une révision des objectifs affichés, puisqu'à l'heure actuelle, alors que l'on cible officiellement une limitation de la hausse des températures de 1,5 à 2 degrés, la tendance, si l'on en croit notamment Jean Jouzel et si nous en restons à ce qui a déjà été mis en place, serait plus proche d'une hausse comprise entre 3 et 3,5 degrés.
Nous avons certes déjà fait un grand pas en avant, et cette avancée s'est trouvée confirmée à Marrakech, mais nous espérons que vous pourrez nous rassurer sur les pas suivants.