Intervention de Philippe Folliot

Réunion du 15 novembre 2016 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Folliot :

D'une part, il a été décidé de profiter des passages de la marine, les uns réguliers et les autres exceptionnels, pour s'arrêter sur l'île et y entreprendre un certain nombre d'actions, la plus symbolique – qui correspond à l'une des préconisations de mon rapport – étant la neutralisation du dépôt de munitions que l'armée américaine a abandonné il y a plus de soixante-dix ans, et qui n'avait jamais été traité. D'autre part, plusieurs campagnes de nettoyage ont eu lieu, mais son achèvement est une tâche extrêmement lourde qui nécessitera des moyens d'une autre ampleur.

J'ai proposé la réintroduction expérimentale du cochon sur l'île. Apportés par les troupes américaines, les cochons y sont restés après leur départ, se nourrissant de crabes, jusqu'à ce qu'il soit décidé de les éliminer dans les années 1960. Leur disparition a d'abord ouvert la voie au retour des crabes ; à la fin des années 1990, des rats se sont échappés d'un navire échoué et, sans prédateur, ils prospèrent désormais – j'ai d'ailleurs proposé que soit conduite une campagne de dératisation. La victoire du rat sur le crabe s'est traduite par une extension de la couverture végétale de l'île.

Cette histoire témoigne du fait que l'île, comme l'affirme le professeur Christian Jost, est une sorte de micro-planète. Étant l'un des lieux les plus isolés au monde – il est très rare de trouver des îles éloignées de plus de mille kilomètres de la terre la plus proche – Clipperton possède des traits endémiques très intéressants. L'érosion littorale, par exemple, produit en cinq ans les mêmes effets qu'en cent cinquante ailleurs. C'est donc un passionnant laboratoire.

La préconisation essentielle de mon rapport consiste à renégocier dès 2017 l'accord de pêche avec le Mexique. Sans doute faudra-t-il surmonter les réticences du ministère des affaires étrangères, qui préférerait éviter de faire payer des droits de pêche au Mexique. Si on renonce à cette recette, il faudra attribuer au moins 2 millions d'euros au ministère des outre-mer pour couvrir le fonctionnement de la base scientifique ! J'ai tâché de produire un rapport responsable. On ne saurait affirmer qu'il faut agir sans s'en donner les moyens, et en même temps j'ai recherché des solutions dont l'application n'aurait pas d'incidence sur le budget de l'État.

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