Cette résolution s’inscrit dans la continuité d’une longue tradition occidentale qui consiste à lire le Moyen-Orient à travers le seul prisme de la question des minorités. En attribuant aux différentes parties au conflit des labels confessionnels immuables, cette perspective incite à oublier la menace qui concerne l’ensemble des Irakiens et des Syriens victimes de l’offensive djihadiste. Face au danger fascisant de l’État islamique, notre indignation ne peut pas être sélective. Contribuer à cette segmentation confessionnelle à travers ce prisme minoritaire revient à « établir une hiérarchie entre ceux que la mort guette », comme l’explique Robin Beaumont, chercheur à l’école des hautes études en sciences sociales.
Cette vision du Moyen-Orient a marqué et continue de marquer notre politique étrangère, nous conduisant depuis de nombreuses années à mener une politique offensive, héritée du choc des civilisations. Notre participation aux aventures engagées par l’OTAN n’a fait que multiplier les foyers de tensions de par le monde. Partout où l’OTAN est intervenue, en Afghanistan, en Irak, en Libye, il en est résulté un chaos indescriptible, avec la montée du terrorisme, des millions de réfugiés, des villes exsangues et des pays rayés de la carte, des populations civiles martyres, comme à Alep, anéantie par les bombes qui massacrent des innocents.
Qui peut douter aujourd’hui que les tragédies irakienne et libyenne n’aient offert un terreau propice à la propagation de l’idéologie mortifère de Daech ?
Les interventions de la communauté internationale dans des États déjà fragiles ont contribué à menacer la démocratie. L’émergence de l’État islamique n’est-elle pas concomitante avec l’effondrement des États nations au Moyen-Orient, auxquels aucun « printemps arabe » ne peut se substituer ?
Enfin j’aimerais profiter de cette tribune pour alerter notre assemblée sur une autre tragédie qui ne bénéficie pas du même éclairage médiatique. L’Arabie saoudite et ses alliés mènent actuellement une guerre au Yémen. Je souhaiterais dénoncer avec force les crimes contre l’humanité commis par cette coalition contre les rebelles Houthis. Notre pays ne doit pas hésiter à les condamner avec la même fermeté car ces crimes nourrissent la haine entre les communautés et renforcent la rhétorique employée par Daech.
Certes, l’Arabie saoudite représente un grand marché pour l’industrie française. Mais la France, pays de la déclaration des droits de l’homme, ne saurait mettre en balance les valeurs morales, démocratiques et humanistes qui ont fondé notre République avec des intérêts économiques.
Malgré ces réserves, les députés communistes et du Front de gauche voteront pour cette résolution. Il vous appartient désormais de tout faire pour que la cour pénale internationale puisse se saisir de cette affaire.
Le 10/12/2016 à 14:19, Laïc1 a dit :
"Certes, l’Arabie saoudite représente un grand marché pour l’industrie française. Mais la France, pays de la déclaration des droits de l’homme, ne saurait mettre en balance les valeurs morales, démocratiques et humanistes qui ont fondé notre République avec des intérêts économiques."
On en profitera aussi pour dénoncer les atteintes aux droits de l'homme à Cuba, au Vietnam et en Corée du Nord... Les dénonciations aux atteintes aux droits de l'homme ne sauraient s'arrêter avec ses sympathies pour telle ou telle idéologie politique.
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