Intervention de Daniel Fasquelle

Séance en hémicycle du 8 décembre 2016 à 9h30
Prise en charge de l'autisme — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle :

Que signifie la liberté de prescription quand le professionnel doit choisir entre un traitement dont l’efficacité est scientifiquement prouvée et un traitement dont on n’a jamais démontré l’efficacité ?

La France dispose d’autorités indépendantes permettant d’éclairer les choix et décisions en matière de politiques publiques. Il en est ainsi de la Haute Autorité de santé qui, en 2012, a clairement recommandé les pratiques éducatives et comportementales.

Il est donc temps, et même urgent, de tourner la page. Il faut en finir avec la vision archaïque et culpabilisante que les psychanalystes ont de l’autisme, à l’image de la description qu’en faisait Charles Melman, président de la puissante Association lacanienne internationale, dans les médias : « Le bébé autiste a souffert d’une chose très simple. Sa maman, qui peut être fort aimante au demeurant, n’a pas pu transmettre le sentiment du cadeau qu’il était pour elle. » Rendez-vous compte de la violence de tels propos ! Les familles nous ont fait parvenir des témoignages invraisemblables !

Une tribune parue il y a quelques jours dans Le Monde, signée par vingt-cinq professionnels de l’autisme dont le Professeur Thomas Bourgeron, membre de l’Académie des sciences, et le Professeur Marion Leboyer a réaffirmé ceci : « Nous, médecins, chercheurs ou professeurs d’université en psychiatrie, en neurologie, en neurosciences, en génétique, en physiologie, en psychologie, en immunologie ou en imagerie médicale, en appelons au choix résolu d’une médecine fondée sur les preuves, qui a permis de si grands progrès dans la prise en charge de nombre de maladies ou handicaps. »

Je veux, à ce moment de mon intervention, tordre le cou à une idée fausse que certains répandent dans le but évident de dénaturer et de nuire à cette proposition de résolution. Des pétitions circulent en effet, laissant entendre que ce texte créerait un régime exceptionnel qui pourrait menacer la liberté des professionnels dans d’autres disciplines. Il n’en a bien évidemment jamais été question. C’est même tout l’inverse ! Ce texte vise à appliquer enfin en matière d’autisme ce que l’on applique depuis longtemps dans tous les autres domaines, en demandant aux professionnels d’accepter de se remettre en cause,…

1 commentaire :

Le 11/12/2016 à 09:37, Laïc1 a dit :

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"Que signifie la liberté de prescription quand le professionnel doit choisir entre un traitement dont l’efficacité est scientifiquement prouvée et un traitement dont on n’a jamais démontré l’efficacité ?"

En gros, si quelqu'un a un cancer, et qu'il va voir un homéopathe ou un acupuncteur, et qu'il meure ensuite d'un traitement inadapté, c'est normal, on ne dit rien au praticien, parce qu'il a la liberté de ses prescriptions ?

Je rappelle par ailleurs que le psychanalyste ne fait pas de prescription, puisque que la thérapie, si thérapie il y a, se fait en direct chez le praticien, et qu'il ne peut donc pas se réfugier derrière la liberté de prescription.

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