Nous en avons donc fini avec la controverse poétique. Nous sommes maintenant à l'heure de vérité. Le Gouvernement a dû, en quelque sorte, négocier entre deux visions opposées. L'une consiste, au titre de parents, à évoquer deux pères ou deux mères. L'autre, que nous défendons, considère qu'il s'agit d'une falsification de la réalité. Je n'évoque pas ici les arguments psychosociaux que nous avons largement développés jusqu'à maintenant.
Mesdames les ministres, vous n'avez pas osé aller jusqu'au bout – c'est, quelque part, une forme de lâcheté (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) – ; vous n'avez pas voulu mettre un « s » aux termes de père et de mère, et vous avez choisi l'ambiguïté. Vous avez fait en sorte de créer dans le droit et d'institutionnaliser la notion de deux pères ou de deux mères, mais surtout sans le dire expressément, car vous savez très bien qu'une partie de la population n'adhère pas à ces idées.
Avec ce choix ambigu et masqué, vous ne nommez pas les choses. J'ai cité hier Boileau – ce qui n'est pas nommé n'existe pas –, je pourrais aujourd'hui parler de « déni » freudien. Vous imposez ce déni aux enfants et c'est ce qu'il y a de pire. C'est la première fois dans l'histoire qu'un déni est institutionnel et qu'il figure dans le droit.