J’avoue être surprise par votre proposition, monsieur le député. Je pense qu’en politique, de manière générale, pour bien penser, il faut se mettre à la place des gens dont on parle et dont on organise, en l’occurrence, les études supérieures. Vous, si vous étiez dans cette situation, apprécieriez-vous qu’on vous impose, sans autre choix, une seule orientation, et que l’on vous place devant le fait accompli ? Ce n’est certainement pas ce que vous voudriez, ni pour vous, ni pour vos propres enfants, donc ne l’imaginez pas pour les autres étudiants.
Par ailleurs, vous vous appropriez totalement l’année de césure : on marche sur la tête ! Je vous confirme que je suis extrêmement sensible à l’année de césure : c’est moi qui ai souhaité que, dans l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur, et pas simplement dans les quelques grandes écoles qui l’avaient lancé il y a déjà quelques années, on puisse garantir la possibilité aux étudiants qui le souhaitent d’interrompre leur scolarité pendant un an, notamment pour s’adonner à des activités d’engagement solidaire. C’est très bien, et je m’en réjouis. À cet égard, le projet de loi égalité et citoyenneté, qui sera bientôt adopté, prévoit que cet engagement des étudiants puisse être pris en compte dans l’évaluation de leur scolarité. Il faut donc rendre à César ce qui est à César ! C’est quelque chose auquel ce gouvernement est très attaché.
Dans le cadre de ces nouvelles règles d’organisation du master, il est prévu, vous l’aurez noté, qu’un étudiant ayant effectué une année de césure pourra malgré tout, au même titre que tout autre, bénéficier du droit à la poursuite d’études, et ne se verra donc pas écarté d’office pour s’être absenté un an de son université.
Pour le reste, je vous confirme que le fait d’obliger un étudiant à faire une année de césure – car tel est le sens de vos amendements – alors qu’il n’en aurait pas envie, sans lui garantir ni le droit à la poursuite d’études ni le respect de son choix d’orientation ne fait pas partie de nos ambitions.