Intervention de Denis Peschanski

Réunion du 14 décembre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Denis Peschanski, historien, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique, coresponsable scientifique du programme « 13 novembre » :

Je remercie votre commission pour son accueil. C'est pour nous un très grand honneur de pouvoir vous présenter ce programme, qui est effectivement, sans que nous l'ayons vraiment cherché, une première mondiale par sa diversité et son ampleur.

Cette recherche trouve sa source dans une réflexion que nous avions lancée aux États-Unis en 2008-2009 sur la mémoire de la Deuxième Guerre mondiale et des attentats du 11 septembre 2001. Notre postulat était très simple : il était impossible de comprendre ce qui se passait dans la mémoire collective – laquelle relève de mon domaine d'étude – sans s'interroger sur les dynamiques cérébrales de la mémoire ; inversement, il était impossible de comprendre pleinement ce qui se passait dans le cerveau – l'imagerie par résonance magnétique (IRM) a constitué une révolution à cet égard – sans prendre en compte l'impact du social.

Nous avons monté un premier programme franco-américain de trois ans avec le soutien du Partner University Fund, géré par l'ambassade de France aux États-Unis et la Fondation French-American Cultural Exchange. Puis, nous avons été retenus dans le cadre du grand emprunt pour un programme de dix ans, l'équipement d'excellence (Equipex) Matrice. Enfin, il nous est apparu évident et nécessaire de lancer ce programme « 13 novembre » très peu de temps après les attentats, en réponse à un appel du président du CNRS, M. Alain Fuchs.

Le programme « 13 novembre » s'étendra sur douze ans. Son caractère transdisciplinaire est essentiel. Il est assez rare qu'un historien et un neuropsychologue copilotent un programme de recherche : en général, la pluridisciplinarité consiste à faire travailler ensemble un historien et un sociologue, ce qui n'est d'ailleurs pas toujours simple. En l'espèce, il s'agit moins de mobiliser différentes disciplines pour traiter des questions posées dans une discipline donnée que de travailler en commun à la définition même de l'objet d'étude. Cet objet est non pas l'événement lui-même, les attentats du 13 novembre, mais la mémoire de cet événement traumatique et la construction de cette mémoire, année après année. Notre travail est fondé sur le recueil et l'analyse de témoignages, l'objectif étant de comprendre l'articulation entre mémoire individuelle et mémoire collective, de même que dans les deux programmes précédents.

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