Intervention de Francis Eustache

Réunion du 14 décembre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Francis Eustache, neuropsychiatre, directeur d'études à l'école pratique des hautes études et à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, coresponsable scientifique du programme « 13 novembre » :

Je remercie à mon tour votre commission de nous accueillir. C'est un grand honneur pour nous.

Quelques mots, d'abord, sur le contexte général : cela fait une dizaine d'années que Denis Peschanski, Carine Klein, moi-même et un certain nombre de collègues, notamment américains, travaillons ensemble sur la mémoire des attentats du 11 septembre 2001 et de la Deuxième Guerre mondiale, en particulier au Mémorial de Caen, où est installée une partie de l'Equipex Matrice. Cela nous a permis de mettre au point des concepts et des méthodologies. Si nous n'avions pas eu cette habitude de travail commun, nous n'aurions pas pu mettre en place ce programme aussi rapidement après le 13 novembre.

Ainsi que Denis Peschanski l'a évoqué, notre objectif était de construire un programme coordonné s'appuyant sur plusieurs études. Nous voulions qu'il y ait notamment une étude biomédicale, au sens strict du terme, dédiée au trouble de stress post-traumatique. Forts du soutien des deux grandes institutions de recherche directement concernées, le CNRS et l'INSERM – après avoir rencontré M. Alain Fuchs, président du CNRS, nous avons été reçus dans les jours suivants par M. Yves Lévy, président-directeur général de l'INSERM, qui nous a immédiatement assurés de son appui –, nous avons pu lancer le programme très vite, dès le début de l'année 2016. Ensuite, nous avons adressé notre demande au CGI, ainsi que l'a rappelé Carine Klein, et obtenu d'autres soutiens.

L'étude « Remember » est une étude ancillaire de l' « étude 1 000 ». Elle est menée à Caen, dans mon laboratoire, qui dépend de l'INSERM, de l'EPHE et de l'université de Caen-Normandie, et dans le Centre d'imagerie et de recherches en neurosciences CYCERON, que je dirige. Il s'agit d'un des grands centres de recherche français en imagerie cérébrale, créé il y a près de trente-cinq ans, lorsqu'a été lancée la médecine nucléaire, notamment la tomographie par émission de positons.

L'étude portera sur environ 200 personnes volontaires, 120 personnes issues du cercle 1, qui ont été exposées aux attentats commis au Bataclan ou sur les terrasses, et 76 personnes issues du cercle 4, venant de Caen, qui constituent le groupe contrôle. Les 120 sujets du cercle 1 se répartissent en deux sous-groupes, que nous faisons en sorte d'apparier : celles qui sont toujours en état de stress post-traumatique et présentent des troubles psychiques sévères ; celles qui, après avoir subi ce stress aigu, ont développé des mécanismes de résilience et vont désormais mieux. Nous avons recruté les trois quarts des sujets de l'étude ; nous aurons terminé le recrutement à la fin du mois de février 2017. Précisons que le chiffre de 200 est théorique : nous pensons qu'il y aura in fine environ 180 sujets pour lesquels les données seront exploitables du point de vue scientifique, car il faut notamment qu'il n'y ait pas de « bougés » sur les images obtenues par IRM.

Nos objectifs sont, d'une part, d'identifier le retentissement du TSPT au niveau du fonctionnement cérébral, en mesurant l'activité du cerveau chez ces personnes, et, d'autre part, d'identifier des marqueurs prédictifs de l'évolution du TSPT.

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