Intervention de Denis Peschanski

Réunion du 14 décembre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Denis Peschanski, historien, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique, coresponsable scientifique du programme « 13 novembre » :

L'ESPA « 13 novembre » est une étude épidémiologique de santé publique par « web questionnaire », prise en charge principalement par Santé publique France. Au total, 1 412 personnes ont répondu à l'appel et rempli ce web questionnaire. Une première étude analogue avait été faite après les attentats de janvier 2015. Nous disposerons bientôt des résultats de cette deuxième étude. Il n'y avait pas de dimension relative à la santé publique dans nos programmes précédents, même si nous abordions déjà la question du syndrome post-traumatique et de la résilience. Il nous a paru absolument essentiel d'avoir cette approche complémentaire dans le programme « 13 novembre ».

D'une manière générale, le coeur de notre questionnement de recherche porte sur l'articulation entre mémoire individuelle et mémoire collective lorsque les personnes sont confrontées à des événements traumatiques. C'est précisément sur cette articulation que nous nous posons tous des questions, en tant qu'historiens, neuroscientifiques, juristes ou sociologues.

Conformément au souhait de MM. Fuchs et Lévy, le CNRS et l'INSERM sont les porteurs scientifiques du programme, l'HESAM en étant le porteur administratif. D'autres partenaires apportent une contribution importante soit au programme « 13 novembre », soit à l'Equipex Matrice, soit aux deux.

À ce stade, huit laboratoires de recherche sont associés au programme, ce qui illustre la diversité des disciplines concernées. Deux autres laboratoires pourraient nous rejoindre à l'avenir.

Nous bénéficions d'un soutien exceptionnel de la part des ministères, de la préfecture de police de Paris, de la région Normandie et des mairies, notamment celle de Caen. La présente audition est un témoignage supplémentaire de cet intérêt des pouvoirs publics. Nous sommes aussi particulièrement touchés du soutien que nous manifestent les associations de victimes. Les victimes qui ont témoigné dans le cadre du programme sont, je tiens à le dire, de belles personnes.

Notre démarche revêt une dimension citoyenne : ainsi que le CNRS l'a souhaité, nous répondons aux attentats avec nos armes, celles de la connaissance et de la recherche. Le programme « 13 novembre » a été retenu dans le cadre de l'appel à propositions « CNRS attentats-recherche ». D'autre part, nous avons été très honorés de recevoir, il y a quelques jours, le prix Pierre-Simon « Éthique et société ». Les chercheurs ont aussi une mission sociale et citoyenne. Pour Francis Eustache et moi, qui avons déjà une certaine expérience de la recherche, il était fondamental de comprendre comment la mémoire se construit ou se reconstruit, comment le processus de résilience pouvait se faire après les attentats du 13 novembre.

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