Merci, monsieur le secrétaire général, de cet exposé effectivement complet.
Décidément, nous sommes bien mauvais pour communiquer sur l'Europe ! Il se fait énormément de choses, très concrètes et très précises, qui seraient de nature à rassurer nos concitoyens sur ce qui se passe à Bruxelles. Je suis tout à fait satisfait des progrès que vous évoquez, et du rythme auquel les outils se mettent en place, mais, hélas, nos opinions publiques sont désinformées, ce qui se traduira par les pires démagogies au cours des prochaines semaines. Puisque nous n'avons pas été capables de créer un espace public européen – c'est bien le problème de l'Europe : politiques communes, mais opinions nationales ! –, je me permets d'en appeler à ce que nous nous exprimions bien plus devant la presse française pour expliquer ce qui se fait au jour le jour. Le contexte est extrêmement anxiogène, entre une mondialisation dont l'Europe passe pour le vecteur et les migrants, et ce sont là les deux faits sur lesquels s'appuie la montée des populismes, dans les têtes françaises comme dans toutes les têtes européennes. Si nous agissons assez rapidement, il n'y a pas d'information dans l'espace public national. C'est pourtant au plan national qu'il faut s'exprimer : il est inutile de faire à Bruxelles des conférences de presse qui n'intéresseront pas les gens, puisque ceux-ci ne regardent pas Euronews ni ne consultent EurActiv.
Je me félicite d'apprendre la mise en place physique, aux frontières, de dispositifs qui commencent à fonctionner, mais j'en appelle à une communication beaucoup plus exhaustive sur ces sujets. Je sais bien l'ambiguïté française : nous sommes un pays de grands principes, ce n'est pas bien de dire qu'on tient les migrants à l'extérieur ou qu'on instaure des contrôles douaniers, nous sommes au-dessus de tout cela… Nos concitoyens attendent pourtant des informations précises sur ces sujets. Arrêtons de faire de la politique morale, les citoyens feront eux-mêmes la synthèse des informations !
Je suis quand même assez stupéfait. Le processus de Bratislava n'est pas cette sorte de ventre mou que je craignais. Des choses très précises se mettent en place.
Dans le domaine de la défense, un chemin paraît s'ouvrir. Mais comment cela s'organise-t-il ? Il semble que l'Allemagne ait accepté de remplacer le Royaume-Uni comme notre interlocuteur dans le cadre des discussions sur ce sujet. Avec l'accord de Saint-Malo, la perspective d'un porte-avions commun avec le Royaume-Uni se dessinait. Mais les questions d'indépendance nationale, invoquées de part et d'autre de la Manche, n'ont pas permis d'aboutir.
Quelle serait cependant la forme institutionnelle des nouvelles initiatives européennes en matière de défense ? L'Allemagne serait-elle prête à lancer une coopération renforcée en ce domaine ou envisage-t-elle une démarche plus empirique et coopérative, pour laquelle une organisation institutionnelle serait prématurée ?
J'ai cru comprendre qu'un état-major embryonnaire existe déjà au niveau européen. Qu'en est-il de ses rapports avec l'OTAN ? Quelle est votre réflexion sur les moindres garanties américaines en matière de défense ? La solution passe-t-elle par un renforcement du pilier européen de l'OTAN ou par une action européenne, y compris hors le champ des traités ?
Quelle est, surtout, la position française ? Traditionnellement, l'Europe de la défense est invoquée en même temps que l'indépendance nationale dans sa vision gaulliste… Cela ne peut qu'achopper au niveau européen. Serons-nous prêts un jour à partager des décisions opérationnelles ?