Intervention de Général Jean-Marie Clament

Réunion du 9 novembre 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Général Jean-Marie Clament :

Le MIO est en perte de vitesse et je ne crois pas qu'une contagion soit possible à l'Ouzbékistan. La transition au sommet de l'État se passe bien. Ailleurs en Asie centrale, il peut y avoir des transits de combattants.

Les revenus de l'opium font vivre 10% de la population. Il existe 3 millions de toxicomanes, ce qui pose un vrai problème de santé publique. La production a augmenté en 2016 de 43%, en passant de 3 300 à 4 800 tonnes. Non seulement on n'a pas éradiqué les plantations, mais en plus on a amélioré le rendement. On est à 10% de plus de surfaces cultivées.

Ce pays est riche en minerais divers. L'Afghanistan est le deuxième producteur mondial de lapis-lazuli. Ce pays cherche à sortir de son enclavement par l'ouverture de nouvelles voies de commerce, notamment en Iran, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis du Pakistan. Des progrès s'observent donc, mais pas au rythme espéré.

Pour la partie de la jeunesse afghane qui se tourne vers cette idéologie, le salafisme n'est pas rétrograde mais moderne.

Colonel Jean-Michel Millet. À ce sujet, je faisais surtout référence aux manifestations dans les universités afghanes, à Kaboul, dans le Nord ou dans l'Est du pays. On y voit parfois des slogans hostiles à la démocratie. Cela ne signifie pas que la jeunesse en général adhère à cette doctrine. L'erreur serait de considérer que l'ouverture d'écoles et le financement des programmes scolaires se traduisent automatiquement par un soutien de la jeunesse au modèle démocratique.

Au sujet des migrations, il faut être attentif au potentiel péril humanitaire dans les quelques mois à venir du fait du grand nombre de déplacés, lié aux retours du Pakistan, aux personnes chassées d'Iran et aux migrations internes, en particulier depuis le Nord du pays.

Au sujet des femmes en migration, il me revient en mémoire un rapport de l'ONU de 2015, qui soulignait l'augmentation des ventes de maison en Afghanistan. Les familles envoient un fils, généralement le plus jeune, comme élément pilote pour trouver des voies d'exfiltration. Elles partent ensuite progressivement. Les filles et les femmes viennent en dernier. Cela peut expliquer pourquoi l'on voit moins de femmes en Europe.

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