Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 14 décembre 2016 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, présidente :

En écho à votre réflexion sur l'évolution des récits, je dois dire que je suis effrayée par l'idée de récit national qui commence dans plusieurs pays à ressembler à l'histoire officielle telle que nous avons pu en entendre parler il y a quelques années au sujet de certains pays d'Amérique latine. Je ne suis toutefois pas aussi inquiète qu'André Schneider au sujet du Brexit.

Vous avez parlé de l'idée de rédemption en Allemagne. Il y a deux ans, j'ai participé à une mission en Serbie avec nos homologues du Bundestag. Les Allemands s'opposaient à l'ouverture des négociations pour l'entrée de la Serbie dans l'Union européenne, sur le thème : « C'est vous, maintenant, les bourreaux, ce n'est plus nous. »

Le rejet de l'establishment est fort un peu partout, aux États-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs. C'est l'entre-soi des politiciens qui est contesté. Les débats préélectoraux sont d'ailleurs de nature à renforcer ce sentiment. De même, tout ce qui reste obscur dans les grands traités internationaux du type du CETA (pour Comprehensive Economic and Trade Agreement) alimente le populisme. Mais les populismes ne sont pas tous les mêmes. Selon moi, le Mouvement 5 étoiles n'est pas la même chose que le Front national. On retrouve dans le premier des choses qui ressemblent au Front national mais aussi de nombreuses organisations non gouvernementales.. Cette forme composite me semble gagner du terrain, comme Podemos en Espagne, même si c'est très différent. En Grèce, quoi que l'on puisse reprocher à Tsipras et à son équipe, Aube dorée est largement redescendue et continue de descendre, même si les Grecs connaissent encore des difficultés sociales importantes. Quelles sont vos réflexions à ce sujet ?

Je vous remercie pour les pistes que vous avez avancées. Nous allons les exploiter, en particulier sur l'aspect régalien. L'exemple de l'Autriche, plutôt inattendu, est encourageant car Alexander Van der Bellen n'a jamais varié son discours : « Nous sommes Européens, nous voulons rester Européens. » N'est-ce pas le moment de redire que l'Europe est la seule solution, dans un monde anxiogène pour les raisons de sécurité que vous avez évoquées mais aussi parce que la mondialisation laisse beaucoup de gens sur le bord du chemin ? La pauvreté a beaucoup augmenté ces dernières années, y compris en Allemagne. Peut-on donner les moyens d'espérer à cette Europe pauvre qui se sent rejetée ?

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