Intervention de Najat Vallaud-Belkacem

Séance en hémicycle du 10 janvier 2017 à 21h30
Questions sur la politique en matière d'éducation

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche :

Monsieur le député, au fond, en quoi serait-il équitable, juste et pertinent de traiter l’enseignement professionnel différemment du lycée général ou du lycée technologique ? Vous comprenez très bien, s’agissant du lycée général ou technologique et des diplômes auxquels ils conduisent, c’est-à-dire le baccalauréat, l’importance qu’il existe un diplôme reconnu nationalement, le même pour tous et dont chacun puisse se targuer quel que soit l’endroit où il travaillera ensuite. Pourquoi en irait-il autrement pour l’enseignement professionnel ?

Ce que vous venez de décrire nous conduirait en effet à l’exact inverse : si cela relevait de la responsabilité des régions, les diplômes seraient régionaux. Cela existe en Allemagne : vous pouvez donc comparer et constater les difficultés que cela pose quand un Land décide de ne plus reconnaître le diplôme du Land voisin – c’est arrivé récemment, comme vous le savez sans doute. Pourquoi mettre ainsi en difficulté nos jeunes lycéens professionnels ?

Si leur sort nous intéresse, et je n’en doute pas, il nous faut au contraire veiller à ce que l’enseignement professionnel soit choisi et non plus subi : c’est vraiment la problématique numéro un. Ce n’est pas compliqué, il suffit pour le savoir de discuter avec des jeunes ayant décroché, des jeunes qui sont malheureux aujourd’hui après des études qu’ils estiment avoir ratées, pour lesquelles ils n’avaient aucune vocation. Ces jeunes vous disent : « Le problème, c’est qu’on m’a mis là à la sortie de la troisième alors que ce n’était pas cela que je voulais faire ! » Réglons ce problème de l’orientation subie !

C’est la raison pour laquelle la mesure que j’ai évoquée tout à l’heure, permettant aux secondes professionnelles de revenir sur leur orientation jusqu’aux vacances de la Toussaint, est une formidable avancée. Je sais qu’elle est très peu commentée, comme toutes les bonnes nouvelles, mais pour les jeunes, cela veut dire beaucoup.

Par ailleurs, si nous voulons améliorer et revaloriser l’enseignement professionnel, faisons en sorte de mieux préparer les lycéens professionnels à ce qui leur est demandé de si singulier, et qui n’est pas demandé aux lycéens généraux, à savoir la capacité à s’insérer rapidement dans le monde du travail, dans lequel ils passeront leurs vingt-deux semaines de stage.

Souvent, en effet, ces jeunes lycéens professionnels débarquent dans les entreprises sans rien connaître à ce monde. De ce fait, ils ne s’y épanouissent pas, ils n’y apprennent pas ce qu’ils devraient y apprendre, parce qu’ils n’ont pas les codes. Nous avons changé cela lors de cette rentrée : désormais, avant de partir en stage, il y a systématiquement une semaine de préparation à l’arrivée dans le monde de l’entreprise.

Si nous voulons revaloriser l’enseignement professionnel, veillons à ce qu’il y ait des débouchés à la fin du bac pro ; veillons à proposer aux jeunes désirant continuer dans l’enseignement supérieur, dont nous savons malheureusement que beaucoup échouent en licence, des perspectives d’enseignement supérieur calées sur ce qu’ils ont connu en lycée professionnel, c’est-à-dire l’alternance et notamment les BTS. Or nous avons lancé un plan de création de 10 000 places nouvelles de BTS pour les lycées professionnels. Sachons nous réjouir des bonnes nouvelles qui, au fond, n’ont pas raison de faire clivage entre nous !

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