Oui, monsieur le député, cette réserve citoyenne est en effet une très belle initiative – je me permets de le dire parce qu’elle vient, non de nous, mais des citoyens eux-mêmes : l’idée est née au lendemain des attentats de janvier, lorsque les citoyens français eux-mêmes nous ont envoyé des milliers de lettres. Constatant que beaucoup d’enseignants disaient être démunis pour transmettre un certain nombre de valeurs et pour discuter d’un certain nombre de sujets avec leurs élèves, ces citoyens nous ont écrit pour proposer de se rendre utile, de partager leur engagement, leur parcours et de faire entendre leur parole aux enfants à côté de celle des enseignants. C’est ainsi qu’est née l’idée de la réserve citoyenne.
C’est une source de réjouissance quotidienne pour moi parce que le succès de cette réserve ne s’est jamais démenti. Aujourd’hui, près de 7 000 personnes se sont inscrites comme « réserviste citoyen ». En réalité, elles ont été plus nombreuses à s’inscrire, mais après toute une procédure consistant à les recevoir pour vérifier qu’il n’y avait pas de problème particulier à les laisser entrer à l’école – il ne fallait pas faire n’importe quoi non plus ! – 7 000 réservistes ont été retenus. Ils correspondent à des profils très différents : il y a aussi bien des avocats que des médecins, des retraités, des chômeurs, des associatifs – bref, des gens guidés par un engagement, une cause, une façon d’être qui peut être utile aux élèves.
Comment cela se passe-t-il pour eux concrètement ? Chaque académie dispose d’un référent réserve citoyenne qui, sous l’autorité du recteur, a la charge de mettre en contact les établissements scolaires et les réservistes citoyens. Ce référent tient à jour la liste de tous les réservistes, qu’il connaît, qu’il a reçus, et les propose aux établissements scolaires en fonction des compétences souhaitées. Dès lors qu’un établissement est intéressé, les professeurs font appel à un réserviste.
Comment cela fonctionne-t-il ? Beaucoup d’articles ont été écrits sur la réserve citoyenne lors de la rentrée 2015, disant que ce n’était pas aussi simple et que les professeurs n’étaient pas forcément demandeurs de voir des réservistes citoyens intervenir dans leurs classes.
Il faut prendre des précautions avec toutes ces analyses réalisées à chaud. La réalité est qu’à l’automne 2015 ont eu lieu les attentats du 13 novembre. Les établissements scolaires se sont de ce fait à nouveau refermés sur eux-mêmes, et la première priorité des équipes, au sein des établissements, n’était pas de faire venir des personnes de l’extérieur.
Aujourd’hui, nous avons suffisamment de recul pour mieux voir les choses et nous constatons que, quelques mois plus tard, le dispositif est installé et qu’il fonctionne, je n’en démords pas, de mieux en mieux. Tous les enseignants que j’ai rencontrés et qui ont accueilli des réservistes citoyens louent cette initiative et souvent les invitent à revenir dans l’établissement.
Toutefois, sur 7 000 réservistes citoyens inscrits, tous ne sont pas appelés. Vous trouverez toujours des gens qui vous diront qu’ils sont inscrits pour participer à la réserve citoyenne depuis de longs mois mais n’ont pas encore été appelés. A contrario, d’autres ont été appelés, ont convenu et ont été rappelés à plusieurs reprises. C’est ainsi. Lorsqu’on s’inscrit pour participer à la réserve citoyenne, il faut accepter de ne pas être sollicité. Ce n’est pas grave. Il faut accepter ce rapport basé sur le don, sans attendre une contrepartie.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, la réserve citoyenne fonctionne bien. C’est par centaines que l’on compte les séquences qui ont eu lieu et ont débouché sur des projets conduits avec les élèves. À l’occasion de la Journée de la laïcité, que nous avons instituée le 9 décembre dans les établissements scolaires pour faire travailler les élèves sur la question de la laïcité, des réservistes citoyens participent désormais systématiquement aux projets aux côtés des élèves.
Cette très belle réserve est à présent inscrite dans la loi égalité et citoyenneté et a donc vocation à durer.
Le 12/01/2017 à 10:05, Laïc1 a dit :
...entendu parler...
Le 12/01/2017 à 10:04, Laïc1 a dit :
" À l’occasion de la Journée de la laïcité, que nous avons instituée le 9 décembre dans les établissements scolaires pour faire travailler les élèves sur la question de la laïcité..."
Mes enfants, scolarisés dans le public, n'ont pas entendu parlé de laïcité le 9 décembre, journée de la laïcité. Entre les déclarations de la ministre et la réalité scolaire vécue, il y a un monde... De toute façon, si c'est pour entendre dire que la laïcité, c'est la liberté des cultes avant l'application de la loi de la République, les doubles menus sans porc plutôt que le même menu unique pour toutes et tous sans distinction de religion, il vaut mieux en effet qu'ils n'en entendent pas parler.
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