Monsieur le député, votre première question, tout d’abord, regroupe plusieurs sujets distincts. Concernant le grand carénage, dont le coût est chiffré entre 50 et 100 milliards d’euros selon les études, nous pouvons convenir entre nous que l’incertitude résulte assez logiquement du fait que l’Autorité de sûreté nucléaire n’a pas encore rendu son avis générique sur la prolongation du parc nucléaire et les travaux que celle-ci imposera de réaliser. Cet avis sera rendu en 2018, comme je l’ai rappelé voilà quelques instants. Chacun a néanmoins fait ses calculs. Je précise toutefois que la Cour des comptes a publié deux rapports sur le sujet, et parce que vous êtes un parlementaire attentif à ces questions, vous savez qu’il a également fait l’objet de plusieurs rapports parlementaires.
Concernant le coût du démantèlement et de la gestion des déchets, des évaluations régulières sont menées. Je rappelle qu’EDF doit provisionner et constituer des actifs dédiés chaque année afin de garantir le financement des futurs démantèlements. Ce processus est transparent, et le coût du stockage géologique de Cigéo, que vous avez mentionné, a par exemple été réévalué l’année dernière par ma collègue Ségolène Royal après plusieurs années d’expertise et de concertation entre l’ANDRA, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, l’ASN et les producteurs de déchets. Le fait que les travaux ne commencent que dans de nombreuses années introduit une certaine incertitude, et il faudra prendre en compte les évolutions techniques qui seront intervenues.
Vous avez évoqué en outre les dérives des coûts des grands projets comme l’EPR de Flamanville ou celui d’Olkiluoto en Finlande. On peut convenir ensemble que des projets d’une telle ampleur, premiers dans leur genre, peuvent malheureusement induire des surcoûts. Ils résultent de l’effet premier de série et, sans doute, d’une mauvaise gestion des chantiers, nous ne le nions pas. Il faut là encore souligner que depuis deux ans un travail a été mené pour à la fois améliorer l’organisation d’EDF et d’Areva et revoir les programmations de ces chantiers. À ce jour, les programmations sont respectées. Notre priorité est donc à présent d’achever les chantiers dans les délais qui ont été fixés et en maîtrisant davantage le budget.
Votre seconde question a pour objet le mix énergétique. La position du Gouvernement est la même que la vôtre, monsieur le député : nous souhaitons ne pas opposer nos productions d’énergie nucléaire et d’énergies renouvelables. Historiquement, la proportion d’électricité d’origine nucléaire est importante en France. L’objectif fixé d’une part du nucléaire réduite à 50 % est une orientation que nous souhaitons maintenir.
Nous avons besoin de ces deux sources d’énergie, tant pour le respect de l’environnement et la prise en compte des risques que pour des considérations financières. Nous avons besoin de pouvoir nous appuyer sur le prix actuel de l’électricité produite à partir du nucléaire, même si des progrès significatifs sont aujourd’hui accomplis en matière d’énergies renouvelables.
L’accident de Fukushima et, à une autre échelle, les problèmes de qualité sur certaines pièces forgées ont montré qu’il n’était pas bon de dépendre à 80 % de cette seule source d’énergie. C’est la raison pour laquelle nous engageons ce processus. Je veux vous redire ici, monsieur le député, que notre intention est de maintenir cet objectif et de nous donner les moyens de l’atteindre. C’est cette volonté qui doit avant tout être réaffirmée ; cela a été fait. J’aimerais souligner enfin combien il est important de tenir compte de la PPE, la programmation pluriannuelle de l’énergie, qui est tout de même l’élément de référence pour la réalisation de ces objectifs.