Intervention de Gilles Savary

Réunion du 11 janvier 2017 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Savary :

Je ne partage pas le fatalisme ou le pessimisme de certains de mes collègues. Il me semble en effet que l'Union européenne s'est ressaisie assez rapidement, en mettant en oeuvre des dispositifs extrêmement complexes, en matière de renseignement ou de surveillance des frontières, qui bousculent, osons le dire, nos souverainismes : de fait, si, en la matière, l'Union n'a pu agir par anticipation, c'est parce que les doctrines d'indépendance nationale, y compris française, l'ont freinée. On se plaint, aujourd'hui, de ne pas être suffisamment défendu par l'Union, mais qui a proposé de lui céder une part de souveraineté dans le domaine militaire, par exemple ? On ne peut pas à la fois vouloir l'Europe de la défense et exiger que la France conserve son indépendance nationale et décide seule de l'engagement des forces. Assez de schizophrénie ! S'il existe un impérieux besoin d'Europe, nous devons être capables d'aller plus loin dans l'intégration.

Sous l'effet de la crise, les choses avancent assez rapidement – beaucoup plus que lors de la crise financière – et très concrètement ; je pense notamment à la création du PNR. Il faut être très clair : dans ces domaines, nous avons un grand besoin d'Europe, et celle-ci progresse, même si tout n'est pas parfait ou immédiat et même si, pour une part incompressible, la responsabilité de protéger nos compatriotes continue de nous incomber.

Par ailleurs, je souhaiterais revenir sur une question que j'avais posée, lors d'une récente audition ici-même, au commissaire européen à la sécurité, M. Julian King. En effet, entre-temps, a eu lieu l'attentat de Berlin. Je suis de ceux qui pensent que nous ne pouvons pas garantir la sécurité maximale face à une menace terroriste qui est souvent isolée, très improbable et qui privilégie la « cible molle » : sitôt que vous bétonnez d'un côté, ils attaquent de l'autre. Il est important de le dire, car il y a beaucoup de démagogie en la matière. La cavale d'Anis Amri est impressionnante, certes, mais elle est, hélas ! dans l'ordre des choses : même les frontières des régimes totalitaires n'étaient pas parfaitement étanches. Néanmoins, je m'étonne de l'absence d'initiative européenne en matière de sécurisation des transports terrestres collectifs. Le moins que l'on puisse faire est d'installer des dispositifs de captation des images, une billetterie électronique traçable, le contrôle des gares et de certaines liaisons internationales. La législation européenne est très en avance sur le reste du monde en matière de sécurisation du transport aérien et maritime mais, dans le domaine terrestre, elle ne prend pas, semble-t-il, la moindre initiative. Je souhaiterais donc, monsieur le ministre, que cette question soit posée à Bruxelles, car nous avons eu la preuve que la coordination n'était pas suffisante dans ce domaine.

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