Intervention de Stéphane le Foll

Séance en hémicycle du 18 janvier 2017 à 21h30
Lutte contre l'accaparement des terres agricoles et développement du biocontrôle — Discussion générale

Stéphane le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement :

Lorsque j’ai pris mes fonctions en 2012, j’ai constaté que l’objectif de diminution de 50 % de l’utilisation des phytosanitaires, fixé par le Grenelle de l’environnement, était très loin d’être atteint. Il n’y avait même pas de baisse du tout : leur emploi augmentait de 8 à 10 % ! À Michel Barnier qui me demandait de conserver son plan Écophyto, j’ai répondu que non seulement je le garderais, mais que j’en ferais un deuxième, parce que le premier ne marchait pas !

La question, c’est de savoir quelles contraintes imposer pour orienter les choses. Selon vous, monsieur Dive, il n’en faut pas. Mais si l’on ne met pas de contrainte, si l’on ne dit rien, si l’on ne fait rien, mon successeur dressera le même constat que moi en 2012 ! Tout le débat sur le plan Écophyto 2 porte sur l’élaboration d’outils nouveaux, et il est vrai que le CEPP constitue un instrument de politique publique complètement nouveau. Il consiste à responsabiliser ceux qui vendent du phytosanitaire : ils ont une part de responsabilité, et ce ne sont pas toujours les agriculteurs qui doivent la supporter ! Ce serait trop facile !

Au début, je me souviens que certains souhaitaient instaurer une taxe sur les phytosanitaires, afin que les agriculteurs en achètent moins. Vous ne souhaitez pas cela ? Moi non plus.

Il est préférable d’inciter les agriculteurs à adopter de nouveaux modèles de production, moins consommateurs de phytosanitaires, tout en responsabilisant les vendeurs – car si ceux-ci ne partagent pas l’objectif des agriculteurs, ils vont continuer à essayer de leur vendre le plus de produits possible ! La cohérence de la politique que je propose, depuis le départ, est de faire en sorte que l’ensemble des vendeurs et des utilisateurs de phytosanitaires aient des objectifs convergents. Si leurs objectifs sont divergents, on ne réduira pas la présence des phytosanitaires.

Monsieur Benoit, il y a des fiches techniques sur les CEPP, consultables librement, très simplement, sur un site internet. Elles servent à faire des propositions, comme l’utilisation d’un filet contre les insectes pour protéger les pommes d’un verger attaquées par le carpocapse. Proposer des filets plutôt que des phytosanitaires pour éviter le carpocapse, est-ce une idée idiote ? Combien de CEPP cela représente-t-il ? Deux par hectares. Celui qui propose cette solution intègre des CEPP dans sa stratégie. Ce n’est pas de la baisse de la vente qu’on tient compte, mais du fait que des vendeurs proposent des méthodes différentes des seuls phytosanitaires. C’est intégré dans les certificats, monsieur le député. Et ce ne sont pas les agriculteurs qui paient dans ce système.

Une deuxième fiche traite de la pose de diffuseurs de phéromones pour – pardon ! – la confusion sexuelle contre les lépidoptères ravageurs des vergers. C’est bien ou ce n’est pas bien ? Cela s’appelle le biocontrôle ! En bref : je diffuse les phéromones ; je brouille les pistes ; je fais du brutal.

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