Intervention de Julien Aubert

Réunion du 17 janvier 2017 à 21h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Ce débat mérite d'être dépassionné et je l'affirme d'autant plus volontiers que je suis l'élu d'une terre où, du temps de Ségolène Royal, on avait octroyé des permis de recherche de gaz de schiste, auxquels je m'étais opposé. Je ne saurai donc être rangé dans la catégorie de ceux qui souhaitent à tout prix l'exploration et l'exploitation de ces hydrocarbures.

Si les Français sont hostiles au pétrole et aux gaz non conventionnels, c'est avant tout parce que la technique utilisée, la fracturation hydraulique, nécessite l'utilisation de produits chimiques, la consommation de grandes quantités d'eau, et présente des risques sismiques. Au passage, je souligne que la géothermie provoque les mêmes dommages. C'est, par conséquent, la technique qui pose problème. Or je viens d'entendre parler de lutte contre la carbonation de l'économie, de la COP21, de la transition énergétique, ce qui est un sujet différent. Interdire une technique parce qu'elle est dangereuse pour l'environnement, oui ; mais prétendre que, par définition, les hydrocarbures seraient l'ennemi, néglige le fait que notre économie en est largement dépendante. En outre, puisque l'on a invoqué la cohérence, il vaudrait mieux exploiter un hydrocarbure produit en France, au bilan carbone bien meilleur que celui d'un hydrocarbure importé.

Ensuite, les amendements dressent le catalogue des hydrocarbures conventionnels et non conventionnels. Or une telle définition ne peut qu'être évolutive, et il n'est pas certain que la définition que vous proposez sera encore valable dans cinq ans. De plus, il existe une industrie du gaz de houille en Lorraine, et comme il s'agit d'un hydrocarbure, selon vous, non conventionnel, si l'on vote vos amendements, des Lorrains se réveilleront fâchés.

Enfin, pour ce qui est du droit, la technique est de facto interdite. Le problème n'est pas législatif mais concerne l'octroi de permis sans qu'on vérifie ensuite si ceux qui les obtiennent explorent ou exploitent bien des hydrocarbures conventionnels.

Aussi, au-delà de l'agitation médiatique, je ne vois pas l'intérêt d'adopter un tel dispositif, qui m'apparaît même dangereux : une énergie n'est pas en soi mauvaise ou bonne, ce sont les techniques employées qu'il faut considérer.

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