Intervention de Bruno Gollnisch

Réunion du 21 décembre 2016 à 8h30
Commission des affaires européennes

Bruno Gollnisch, député européen :

Je suis un peu, ici, le représentant de ce que vous appelez les « pulsions tribales », le « repli des identités closes » ; un nationaliste, tout de même docteur en droit international, ce qui prouve un certain intérêt pour les questions internationales ; un xénophobe qui a été doyen d'une faculté où l'on enseignait vingt-sept langues étrangères à près de 3 000 étudiants ; un raciste qui a épousé une Japonaise ; un extrémiste qui n'a jamais rien fait d'autre que de se présenter pacifiquement au suffrage de ses compatriotes en bravant des difficultés parfois inouïes. Au-delà de mon bilan personnel, serait-il possible d'échapper à ces qualificatifs qui relèvent du poncif un peu fastidieux, pour ne pas dire de la technique du bouc émissaire que vous prétendez dénoncer par ailleurs ?

On peut croire, comme moi, qu'il existe une dérive d'une organisation internationale fondée sur la coopération très forte entre des pays très divers – la Suède n'est pas tout à fait identique au Portugal, les Pays-Bas ne sont pas l'Italie – mais qui partagent quand même un fond commun de civilisation. On peut également regretter que cette organisation internationale soit présentée, selon un point de vue encore minoritaire, comme un super-État qui prétend régir en direct tous les aspects de la vie politique, économique, sociale, culturelle, sexuelle de 500 millions d'Européens. En quatre jours, à Strasbourg, on vote davantage de textes qu'en six mois à l'Assemblée nationale – je le sais, j'ai été membre des deux assemblées. A-t-on le droit de dire que cela pose un problème sans être taxé des épithètes dont vous avez usé ?

Peut-on considérer que la libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux à l'intérieur d'un espace cohérent dans lequel les niveaux de vie et de protection sociale étaient à peu près les mêmes s'avère dévastatrice dès lors qu'elle est étendue progressivement à l'échelle du monde, comme c'est le cas ?

A-t-on le droit d'être critique sur l'institution européenne comme résultat de la fusion de trois institutions : la Communauté européenne du charbon et de l'acier, alors même qu'il n'y a plus ni charbon ni acier ; la Communauté européenne de l'énergie atomique, qui n'est plus puisque l'Allemagne, à tort ou à raison, s'est désengagée du nucléaire ; la politique agricole commune, qui n'a pas empêché la disparition de quatre exploitations sur cinq ?

Si l'on a ces réserves et que l'on considère qu'il faut faire tout autre chose, comme une gestion par programmes avec des objectifs concrets, peut-on échapper à tous les poncifs que vous-même et beaucoup de partisans de cette intégration européenne utilisez régulièrement ?

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