Mais est-ce la France politique ou la France des citoyens ? J'aimerais entendre la voix des citoyens français sur cette question qui ne leur a jamais été posée de cette manière.
L'Europe est instrumentalisée par les partis politiques nationaux, pas seulement en France, mais dans tous les pays. Bien souvent, elle est passée sous silence. À Bruxelles, lors des réunions des partis politiques – pourtant situés à trois stations de métro du quartier européen –, si un véritable débat sur un sujet européen se tient deux fois dans l'année, c'est une année faste ! Et bien souvent, c'est pour aborder un problème européen qui dérange, donc les propos tenus seront plutôt négatifs. Dans ce contexte, comment les citoyens pourraient-ils penser que l'Europe a des aspects positifs ?
Concernant la Turquie, j'étais un grand partisan de son intégration, mais aujourd'hui ce n'est plus du tout de mise. Les refus adressés à Ankara ont pu favoriser la montée en puissance d'un parti qui se révèle aujourd'hui conservateur et islamiste, alors qu'une partie de la Turquie était pleinement ouverte sur les valeurs européennes. Elle existe encore, mais elle est très minorisée. Au lieu d'aider cette frange de la population turque, notre attitude a fait le lit de ses adversaires. Aujourd'hui, la question ne se pose plus. Encore une fois, le Conseil européen a manqué de courage pour dire clairement à Ankara que tant que la Turquie ne répondrait pas aux critères de Copenhague, il ne serait pas possible d'aller plus loin.
Cette duplicité peut se comprendre en termes politiques : il ne faut pas fâcher Ankara alors que l'on a besoin de la Turquie pour régler le problème des réfugiés. Mais c'est assez médiocre, et cela brouille l'image de l'Europe aux yeux des citoyens qui ne peuvent pas comprendre ce genre de compromis boiteux.
Qui dit qu'on ne peut pas rouvrir les traités ?