Intervention de Jean Arthuis

Réunion du 20 décembre 2016 à 17h00
Commission des affaires européennes

Jean Arthuis, président de la commission des budgets du Parlement européen :

Enfin ! Et il fonctionne, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour l'Europe.

Autre projet : Erasmus. Il faudrait que le bilinguisme soit la règle en Europe. On se sent analphabète, au Parlement européen lorsqu'on ne parle pas anglais. Or si l'on veut être complètement opérationnel sur le plan politique, il vaut mieux être bilingue, faute de quoi on sera immédiatement confronté à des difficultés. Vous imaginez quel sera le fonctionnement d'un parlement où vingt-trois langues doivent être traduites et bientôt vingt-quatre avec le gaélique et qui sait vingt-cinq avec le turc si Chypre est unifiée – on est près d'atteindre une limite.

L'espace, également, est un vrai projet européen, ne serait-ce que pour faciliter les communications par internet.

Bref, vous avez raison, il faut que nous fassions rêver. À défaut, cependant, l'Europe doit protéger et je réponds ici en partie à M. Gollnisch : je ne suis pas favorable au désarmement commercial. Dans le contexte de la mondialisation, mettre en contact des régions aussi contrastées, au plan social et au plan économique, c'est prendre le risque de délocalisations massives. J'ai remis un rapport sur ce thème, au nom du Sénat, il y a vingt-trois ans ; je m'y indignais qu'on ait étendu l'union douanière européenne à la Turquie. De ce jour, toutes nos industries des secteurs de l'électroménager, de la télévision, de la vidéo… sont parties en Turquie. Certes, cela permet d'acheter des téléviseurs moins chers, mais au prix d'une forte augmentation du chômage. Prenez l'acier, par exemple : les Chinois en produisent pour l'équivalent de plusieurs années de consommation mondiale. Le dumping est ici total. Eh bien, les Américains soumettent l'acier chinois à des droits de douane de 250 % quand l'Europe les taxe à hauteur de seulement 20 %, et en s'excusant !

On ne peut continuer ainsi ; je le répète : l'Europe doit protéger aussi bien militairement qu'économiquement. Une telle protection fait partie de l'arsenal des politiques. Il s'agit donc de pratiquer un protectionnisme intelligent.

J'en reviens à Erasmus, auquel je n'ai fait qu'allusion. Je tâche de développer un projet visant à permettre à nos apprentis de passer, en tant que tels, une année dans un autre pays. L'inconvénient est qu'on compte autant de statuts de l'apprentissage que d'États membres de l'Union européenne. Nous avons lancé un projet pilote. La première année fut des plus difficiles, la deuxième en tirera les enseignements et son bilan ne devrait pas être mauvais. La Commission européenne vient du reste de reprendre ce projet dans son programme et va élaborer un projet de statut type de l'apprentissage en Europe. Il ne s'agira pas seulement de former des ouvriers professionnels mais aussi des ingénieurs et d'établir des passerelles entre l'enseignement général et la vie professionnelle.

L'une de vos questions, madame la présidente, portait sur la zone euro. Nous y avons beaucoup travaillé et avons d'ores et déjà réalisé un progrès considérable : nos rapporteurs vont tâcher de rédiger un rapport de moins de trois pages. En effet, les rapports de l'Union européenne comptent en général vingt-cinq pages et, comme il n'y a pas de majorité, c'est un peu l'arbre de Noël : tout le monde entend participer au vote et, à la fin, le rapport ne ressemble plus à rien.

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