Intervention de Alain Marsaud

Réunion du 26 octobre 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Marsaud :

Monsieur le directeur, permettez-moi de vous féliciter de votre nomination, vous sur qui on a pu compter dans certains moments difficiles pour notre pays ; je suis rassuré de vous voir exercer ces responsabilités.

Le président Bongo m'a reçu samedi dernier, à ma demande, pendant près d'une heure et demie. La communauté française, que je représente à l'Assemblée nationale, s'est montrée inquiète lors des événements ayant entouré l'élection présidentielle. Le responsable d'un parti politique français a déclaré élu le candidat de l'opposition – ce qui était peut-être vrai, d'ailleurs, même si j'ai l'impression que les deux camps ont fraudé. Le président Bongo s'est étonné de la position d'un pays qu'il prenait, jusque-là, pour un ami. Il m'a raconté que certains de nos diplomates en poste au Gabon avaient demandé à des Franco-Gabonais de témoigner pour nourrir le dossier de la cour pénale internationale (CPI). Il s'est là encore étonné d'une telle attitude.

La communauté française, hormis les trois ou quatre membres du parti socialiste, s'est plutôt rangée derrière le président Bongo pour des raisons de sécurité. Après les déclarations intempestives, nos compatriotes s'attendaient à revivre la situation de 2009, lorsque le consulat de Port-Gentil avait été incendié et nos ressortissants menacés de mort parce que l'on croyait à l'époque que la France soutenait M. Bongo.

Le président Bongo affirme être l'ami de la France et souhaite que les entreprises françaises vivent, se développent et investissent dans son pays en toute tranquillité. Son opposant aurait remplacé Total par l'entreprise chinoise Sinopec pour l'exploitation du pétrole. Le président Bongo m'a cité d'autres entreprises chinoises appartenant au portefeuille de M. Jean Ping. Je ne connais pas M. Ping, car j'ai refusé de le rencontrer lors de sa venue en France par souci de neutralité. Je suis d'ailleurs resté neutre jusqu'à samedi dernier, date à laquelle j'ai estimé utile d'écouter ce que le président de la République pouvait faire pour la sécurité de mes compatriotes. Je me demande si la France a bien pris la mesure du risque encouru en cas d'alternance.

Monsieur le directeur, je suis estomaqué d'entendre parler de sanctions. Suivre des pays européens qui ne comptent pas d'entreprises ni de ressortissants au Gabon réussirait-il à la France ? La décision de prendre des sanctions contre le Gabon devrait être soumise, puisque telle est la mode, au référendum de nos compatriotes vivant entre Libreville et Port-Gentil.

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