Intervention de Matthias Fekl

Réunion du 19 janvier 2017 à 11h00
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Matthias Fekl, secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger :

Monsieur le président, je vous remercie pour cette invitation à m'exprimer devant la mission que vous présidez, et pour ces mots, auxquels je suis très sensible.

Pour avoir mené des travaux extrêmement approfondis, vous le savez : l'Azerbaïdjan n'est certes pas le premier partenaire économique et commercial de la France, mais notre pays entretient avec ce pays une relation économique importante à bien des égards, et même une relation stratégique – cela vaut pour notre économie en général et, plus spécifiquement, pour nos entreprises. Du point de vue du Gouvernement, les difficultés économiques que rencontre actuellement l'Azerbaïdjan ne sont d'ailleurs pas de nature à remettre cette ligne en question. Des perspectives de nouveaux contrats, dans un avenir proche, se profilent, et le partenariat économique que la France a noué avec ce pays se double d'un dialogue politique exigeant, intransigeant sur tous les sujets, y compris les libertés publiques ; j'y reviendrai.

Un mot tout d'abord sur la dimension stratégique de notre relation avec l'Azerbaïdjan. Pays le plus peuplé et le plus riche du Caucase du Sud, c'est la quatrième puissance économique de la Communauté des États indépendants (CEI), après la Russie, le Kazakhstan et l'Ukraine. Riverain de la mer Caspienne, au voisinage immédiat de l'Europe et au contact direct de la Russie, de la Turquie, de l'Iran et du Proche-Orient, il est stratégiquement situé, et donc stratégiquement important. Et si l'Azerbaïdjan est une puissance énergétique de rang plutôt modeste, produisant 1,1 % de la production mondiale de pétrole et 0,5 % de celle de gaz, c'est un territoire clé pour la diversification de l'approvisionnement énergétique de l'Union européenne. Une donnée l'explicite très clairement : c'est le troisième producteur d'hydrocarbures en CEI après la Russie et le Kazakhstan.

Aujourd'hui, ce pays est très dépendant de la rente énergétique, ce qui pose des difficultés dans le contexte d'un choc sévère dû à la baisse des prix des hydrocarbures, avec un impact sur la croissance. Selon le comité des statistiques azerbaïdjanais, le pays a connu une récession en 2016 ; son produit intérieur brut (PIB) s'est rétracté de 3,7 % entre janvier et octobre 2016. Au mois de novembre dernier, la Banque mondiale prévoyait pour sa part une récession de 3 % sur l'ensemble de l'année 2016. Une reprise semble cependant se profiler : la Banque mondiale et le FMI prévoient respectivement 1,2 % et 1,4 % de croissance en 2017. Ajoutons qu'avec un fonds pétrolier souverain, SOFAZ (State Oil Fund of the Republic of Azerbaijan), qui totalise 35 milliards de dollars d'actifs – l'équivalent des deux tiers du PIB azerbaïdjanais – et un taux d'endettement externe limité à 20 % du PIB, les bases économiques du pays restent solides.

Les difficultés rencontrées par l'économie de l'Azerbaïdjan n'en ont pas moins eu un impact sur nos échanges commerciaux, qui se sont contractés en 2015 pour atteindre le montant de 1,3 milliard d'euros, soit une baisse de près de 17 % par rapport à 2014, et cette tendance s'est confirmée sur les neuf premiers mois de 2016. La baisse de la valeur de nos importations l'explique, en raison de la faiblesse des cours des hydrocarbures, qui constituent l'intégralité de nos achats, d'un montant de 1,1 milliard d'euros. Nos exportations ont également diminué en 2015, de 175 millions d'euros, mais notre part de marché a progressé : la France est passée de la quatorzième à la dixième place entre 2014 et 2015.

Les enjeux restent de taille pour nos acteurs économiques, en raison des perspectives avérées de grands contrats et des ressources résultant d'un potentiel de développement non négligeables de ce pays. L'exploitation de champs de gaz à l'horizon 2018-2019 ouvrira notamment des perspectives économiques favorables.

Par ailleurs, la visite du Président de la République, en mai 2014, dans les pays du Caucase, a donné un élan aux relations économiques entre la France et l'Azerbaïdjan. Lors de son passage à Bakou, onze documents ont ainsi été signés dans le domaine économique, dont trois arrangements administratifs visant à développer la coopération dans les domaines de l'agriculture, des transports, de l'énergie, et trois contrats pour près de 360 millions d'euros. Depuis cette visite, les contacts se sont poursuivis : entre 2014 et 2016, pas moins de onze contrats au total ont été conclus par les entreprises françaises, pour un montant total d'environ 630 millions d'euros. Ce sera, pour notre pays, la source d'un flux d'exportations.

La France est aussi un investisseur étranger important pour l'Azerbaïdjan : selon les statistiques locales de 2014, c'est la cinquième source d'investissements directs étrangers (IDE) dans le pays. Près de 75 % des stocks des IDE français en Azerbaïdjan sont concentrés dans l'énergie, même si la présence de nos grandes entreprises dans d'autres secteurs a également été renforcée.

Ce pays fait donc l'objet d'une attention importante et d'un suivi en adéquation avec les enjeux commerciaux et les intérêts des industriels français.

Nous suivons avec attention les projets de nos entreprises qui peuvent rencontrer des difficultés et nous encourageons régulièrement l'Azerbaïdjan, au 65e rang du classement Doing Business de la Banque mondiale, à améliorer le climat des affaires et, en particulier, l'État de droit.

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